Crédit : blamb / 123RF Stock Photo
Lundi matin six heures, ta plus vieille se lève avec une face verte-vieil-hôpital. Ton instinct te dit que ça sent pas bon. Ça fait que tu prends pas de chance et t’appelles ton boss pour lui dire que tu rentres pas ce matin sans plus d’explications.
Deux heures plus tard, c’est ni plus ni moins comme si t’étais sortie de ton corps et que t’avais eu une vision de ce qui s’en venait. Ta fille vomit sa vie incluant son souper d’hier sur le plancher du salon. Allô les mottons. En te penchant pour la secourir, tu sens une odeur de vieilles chips crème sûre et oignons qui émane de ton fils. Yark ! Sa couche est tellement pleine que ça a fluté par tous les bords. Au même moment, ton chum revient du travail et s’en va directement faire le cadavre dans le lit. J’te ferai pas de dessin, tu visualises très bien la situation.
Mauvaise nouvelle, Madame G, celle-dont-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, a pris refuge sous ton toit. T’es faite. T’en as pour à peu près soixante-douze heures à torcher la maison dans tous les coins. Si t’es chanceuse. La bonne nouvelle, c’est que toi, t’es pas encore atteinte.
La guerre aux microbes est ouverte. Mais vu que tu t’es préparée, tu vas passer à travers les deux doigts dans le nez.
Sors ton kit de survie
Premièrement, prépare un seau avec de l’eau chaude, du Monsieur Net pis beaucoup de guenilles désinfectantes jetables . Ça, tu l’as deviné, va te servir à ramasser rapidement les incidents et à repasser partout à l’infini telle une psychopathe des germes. Sers-toi aussi un très grand verre de vin. En léger état d’ébriété, tu devrais oublier les vapeurs nauséabondes des fluides corporels sortis de ta marmaille. C’est ça ou un masque à gaz.
C’est clair que tu vas te rendre compte que t’as pu de Pedialyte. Texte un S.O.S. à ta meilleure amie et dis-lui de t’accrocher ça sur la poignée de porte. Ici, c’est une zone sinistrée. Si elle répond pas, un vieux restant de 7up d’hier soir déjà flat devrait faire l’affaire.
Tant qu’à y être, vide ta laveuse-sécheuse et pitche le linge sale qui s’y trouvait déjà en boule dans le fond de ta garde-robe. Tu t’en occuperas plus tard ; tu pars à la guerre pis t’as besoin de toutes tes ressources.
Restreins les interactions avec autrui
Une famille contaminée par Madame G, c’est aussi populaire qu’un vieux mononcle saoul au party du jour de l’an. N’invite personne chez vous. De toute façon, personne ne va vouloir te voir avant une bonne semaine.
Pis ferme ton Facebook, ton cellulaire et ta tablette. Tu n’auras pas le temps de les consulter entre deux ramassages express anyway. Si tu te permets un statut sur la question, j’te promets qu’il va toujours y avoir quelqu’un pour te sortir le classique ouais-ça-court-ces-temps-ci sauf que t’es pas une GI Jane recrue pis tu l’sais que ça court à l’année longue, la gastro. Ça fait que perds pas ton temps à chercher de la compassion. Aucune forme de support ne te permettra de t’en sortir plus vite de toute façon.
Si t’as l’idée d’appeler Info-Santé, retiens-toi. Après deux-cent-quatre-vingt-douze questions et trente minutes d’attente, tu vas finir par te ramasser à l’urgence en catastrophe parce que madame-on-ne-peut-pas-évaluer-ça-au-téléphone et que ton chérubin a mouillé moins-de-deux-couches-pas-trois-dans-les-quinze-dernières-secondes-et-qu’il-court-vers-la-déshydratation. Tu vas revenir au point de départ avec ton diagnostic maison après avoir déclenché la soixante-dixième épidémie de gastro locale de l’année suite à tes huit heures d’attente inutiles à la clinique externe.
Fais de la visualisation
On va s’le dire, Madame G, elle s’invite jamais au bon moment. Par exemple, elle s’immisce particulièrement bien quand t’as un souper planifié depuis deux mois avec tes chums de filles. Ça fait que visualise ta nouvelle fausse meilleure amie désertant avant samedi mais pas avant jeudi soir question de pouvoir skipper le souper avec les bibelots de chats chez la belle-mère.
Il se pourrait aussi que t’aies envie d’un moment de tranquillité en cours de combat. Ça fait que si t’as besoin d’un break, imagine que t’es sur une plage avec du sable pendant que tu joues dans les dernières déjections granuleuses. La mer est juste à côté de toi dans ta chaudière d’eau sale pleine de vomi. Fais aller ta main dedans et v’là le bruit des vagues.
Si jamais tu tombes au combat
C’est ben beau tout ça, mais malgré toutes les précautions que t’as prises – et à cause de l’abus d’alcool – ça se peut que tu t’en tires pas.
Sors l’artillerie lourde et applique tous les conseils et remèdes de grand-mère que tu connais. À défaut de marcher, ça va t’enlever le mauvais goût que t’as dans la bouche. Si tu dois gérer les reflux de ta progéniture en même temps que les tiens, envoie tout le monde dans le bain préférablement pas d’eau.
Pis dans l’attente de la fin des hostilités, garde en tête qu’à défaut de te soulager, deux-trois sacres bien placés peuvent te remettre les idées en place temporairement.
Tu vas avoir de la broue et des substances étrangères dans le toupet à force de décrasser et réconforter tout le monde. T’auras aussi l’impression que le vomi est une denrée renouvelable à l’infini ; j’te jure que ça finit par s’éteindre.
Parce Madame Gastro est forte mais elle gagne jamais la guerre.
VÉRONIQUE MARTEL
Wow, mais wow… Tu écris très bien mon amie. Je ne sais vraiment pas quand tu trouves le temps d’écrire!!! Mais continue. Félicitations!!!