T’as fait ton choix. Et ça t’enrage que les gens pensent que tu l’as eu facile. Tu ne t’es pas laissé bercer par le houlement tranquille du temps qui passe, non. Tu as ramé longtemps, parfois toute seule, parfois avec ton homme. Et t’as choisi de rester. De temps en temps, tu te rappelles les paroles des Cowboys Fringants que tu fredonnais à l’université : La trentaine, la bedaine, les morveux, l’hypothèque, les bonheurs et les peines, les bons coups et les échecs… À l’époque, ça ne voulait pas dire grand-chose pour toi. Mais un jour, ça t’a rentré dedans. C’est vraiment ça la vie?
Autour de toi, tu as vu plusieurs couples imploser. Les cris, les larmes, la rancune. Mais aussi la résilience, l’épanouissement, la sérénité. Et ça a fini par te jouer dans la tête tout ça. Entre deux brassées de foncé, quand les enfants n’écoutent rien, que ton homme s’impatiente, que tu penses aux fenêtres à changer, aux planchers à laver et aux cours de piscine à payer, toi aussi tu t’es mise à vouloir changer de vie. Tu t’es même dit que ça avait l’air merveilleux la garde partagée : du temps pour toi, et l’opportunité de profiter de tes enfants au maximum quand ils sont là. Mais t’as gardé ça pour toi, parce que ça ne se dit pas ces affaires-là.
Tu regardais ton couple aller, et tu trouvais que vous fonciez tout droit sur un rocher, et que vous commenciez sérieusement à prendre l’eau. Vous vous étiez promis de ne jamais vous coucher fâchés. De vous embrasser chaque matin avant d’aller travailler. De ne pas faire comme les autres couples et de prendre soin un de l’autre. Mais ça ne s’est pas passé comme prévu, c’est bien certain. T’étais naïve pas mal de croire que ça irait tout seul. Pris dans votre fatigue, votre culpabilité, votre impatience, vous vous êtes éloignés tranquillement. Ben tranquillement. Mais le rocher approchait de plus en plus.
Puis, tu as as ouvert les yeux. Tu as vu un homme que tu ne reconnaissais plus à tes côtés. Un homme qui ne t’embrassait plus dans le cou quand tu cuisinais. Un homme qui ne t’offrait plus de prendre une douche à deux. Un homme qui ne te faisait plus rire. T’as eu la chienne. Et si c’était la fin? Comment on fait pour savoir que c’est fini? Est-ce qu’il était temps pour toi de quitter le navire? De prendre une autre route, une route inconnue, terrifiante?
C’est là que tu as fait ton choix. Malgré les conseils de ta meilleure amie plus heureuse que jamais depuis qu’elle s’est séparée, t’as choisi de rester à bord de cette relation en miettes. T’as pris les choses en main, et ton homme a suivi la vague. Vous vous êtes réveillés un matin, cernés, comme d’habitude, mais cernés d’avoir parlé une bonne partie de la nuit. Tu as pleuré, tu as ri. Vous vous êtes retrouvés. Et ça s’est fait tout doucement. Vous avez pris le temps à nouveau de danser un slow collés dans la cuisine. Vous avez fermé la télé pour vous regarder dans le blanc des yeux. Petit à petit, un rire à la fois, tu t’es souvenue pourquoi tu avais aimé cet homme-là. Et un moment tendre à la fois, cet amour s’est réveillé.
Alors oui, t’as choisi ton couple, t’as choisi de rester. Ton homme, c’est lui, et personne d’autre. Ce sera ton copilote pour traverser toutes les tempêtes, parce que tu le sais bien que ce ne sera pas un long fleuve tranquille. Tu ne sauras jamais si tu aurais été plus heureuse seule, ou avec quelqu’un d’autre. Parce que tu as fait ton choix. Tu es restée, et tu peux enfin affirmer que tu as choisi ta route du bonheur.
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