Cher ex,
Aujourd’hui, je suis fâchée. Genre fâchée noir. Je dirais même que l’expression « en criss » serait très appropriée pour décrire mon sentiment actuel envers ta personne. Je tente de respirer (par le nez), de lâcher prise, de me détendre. Je me suis même inscrite à des cours de yoga-taichi-pilates pour m’aider.
Ça marche pas. Mon sentiment de crissitude profond demeure.
Depuis quelques mois, j’ai l’impression que ta job de père te pèse pas mal. Je ne comprends pas trop ce qui s’est passé. Avant, tu étais un père relativement impliqué, attentionné, voire même à l’écoute (ponctuellement). Aujourd’hui, je te sens surchargé, parfois même « dérangé » par les besoins et activités de NOS enfants.
Quand tu m’écris que tu es « pas disponible » pour aller aux spectacles de nos filles, ça me brise le cœur, tu sais. Elles sont tellement fières d’elles et rayonnent de bonheur sur scène. Elles ont travaillé pendant plusieurs heures pour répéter, tu sais. Peux-tu m’expliquer qu’est-ce qu’une heure ou deux de ta semaine impliquent, au fond? Une fois, tu m’as carrément dit « ne pas vouloir perdre ta soirée » à la pratique générale de notre petite dernière. Franchement.
Lorsque tu refuses de payer pour une activité sportive de notre garçon, ou de l’y reconduire, je me demande sincèrement ce qui te motive. Je n’ai pas plus d’argent que toi, tu le sais. Par contre, le voir performer dans une activité qu’il aime, qui le fait devenir une meilleure personne et aide sa motivation et son tempérament… ça n’a pas de prix!
Quand tu pars en visite chez la famille ou des amis, en étant au courant qu’il y a des bactéries chez leur progéniture, je trouve que ça frise l’inconscience. Pis que ça soit lors mon tour de garde que la gestion des conséquences desdites bactéries débute, je me permets de me demander si ce n’est pas un acte de pure vengeance plutôt qu’un simple hasard.
Nos enfants ont des goûts, des intérêts et des besoins. Je suis d’accord qu’il faut en prendre et en laisser. Par contre, quand tu construis ton horaire et que tu ne laisses aucune place pour leurs centres d’intérêt, ça me désole.
Ce que je trouve le plus difficile, c’est de ne pas pouvoir leur dire la vérité. Car oui, ils me posent souvent des questions du genre « pourquoi on fait rien de l’fun chez papa? » et me font des remarques du style « les repas sont pas mangeables ». Rien de trop grave, mais quand même. J’aime pas avoir à leur mentir au nom de la non-aliénation parentale. J’utilise mon miroir et je leur demande de te les poser à toi, ces mêmes questions. T’sais, je m’imagine mal leur répondre avec les mots qui me brûlent les lèvres : « Parce que votre papa se crisse de vous. »
Ce qui me rend le plus triste dans tout ça, c’est que les enfants vieillissent. Ils ne sont pas fous et ils commencent à comprendre. Comprendre qu’ils ne sont pas en haut de ta liste de priorités. Même pas dans le top 5. Malgré le fait que je tiens à ce que tu sois impliqué dans leur vie, il viendra un jour où ils pourront choisir d’aller chez un parent ou l’autre.
Parfois, je me demande si tu veux la garde partagée seulement pour me verser moins de pension alimentaire. Souvent, je me demande si tu les aimes vraiment, tes enfants.
Laisser un commentaire