Tu sais mon petit bonhomme, aujourd’hui maman te connaît sous tous tes angles, de la forme de ta tache de naissances à tes yeux espiègles qui m’indiquent que tu es sur le point d’entreprendre quelque chose qui t’est interdit, du genre dérouler au complet le papier de toilette.
Mais avant ta naissance, alors que tu étais minuscule, connecté à moi pour assurer ta survie, avais-tu conscience à quel point je te désirais ? As-tu ressenti ma joie quand j’ai su que tu étais bien là, peletonné au creux de moi ? Tu dois en avoir reçu des décharges de bonheur dans ton placenta, mon amour. Tu dois en avoir englouti des tonnes de pensées positives, d’enthousiasme et de fierté.
J’étais fière de porter une si belle bedaine, mais aussi impatiente que mon ventre commence à se gonfler et que les gens te remarquent. Déjà dans mon ventre, on te complimentait, disant que tu serais un bébé bien bâti et robuste. Tes grands-parents, oncles et tantes te donnaient déjà de l’amour malgré le liquide amniotique qui te séparait d’eux et en guise d’acception de leur amour, tu leur envoyais un petit coup de pied.
Je t’ai longuement caressé matin et soir, voulant créer un lien de confiance avec toi. Je t’ai fait jouer de la musique. La douce mélodie qui suivait ma colonne vertébrale pour se rendre à tes minuscules oreilles en création t’animait. Tout petit encore, je te sentais voler entre mon nombril et mon cœur, tel un petit papillon dans un champ l’été. Oh combien de fois tu m’as fait peur lorsque tu avais moins la bougeotte. Je m’imaginais le pire. Mais aussitôt que la peur m’envahissait, tu m’envoyais un petit « coucou maman » qui m’apaisait jusqu’à la prochaine fois.
Tu ne peux savoir combien de fois je t’ai imaginé. Il doit y avoir au moins mille esquisses de toi dans mon imaginaire. Parfois blond, parfois brun, chétif, avec des doigts élancés ou un visage joufflu. Hériterais-tu de mes yeux ? Aurais-tu le nez de ton père et les lèvres de ta tante ? Est-ce que tu développais déjà une partie de ta personnalité alors que je te donnais un avant-goût de la vie en te décrivant mes joies et mes peines quotidiennes ? Sache que tu connais chaque recoin de mon jardin secret et tous mes traits de caractère probablement mieux que moi.
À neuf mois, dans les derniers milles avant ton arrivée, même si j’étais un peu lassée de nous rouler pour sortir du lit, je dois t’avouer qu’égoïstement, j’ai apprécié ces quelques jours de plus. Je pouvais te garder juste pour moi plus longtemps.
Ensemble, nous avons créé un lien indescriptible, fort et vrai bien avant ton premier souffle. Tu es le seul qui a entendu battre mon cœur de si près, et je suis la seule à t’avoir senti bouger la première fois. Un lien indestructible et unique nous unit pour la vie mon petit homme.
Et loin de toutes mes attentes et de mes idées préconçues de toi, tu es apparu dans toute ton unicité et c’est plus que parfait ainsi.
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