Ma fille,
07 C’est un processus normal de ton développement, même si certains adultes ne semblent pas au courant. Et le regard des autres adultes, je t’avoue que ça m’importe. Je t’avoue aussi que je suis épuisée. Quand je te vois m’ignorer, te coucher par terre, te laisser molle, commencer à pleurer, je comprends qu’il ne me reste plus beaucoup de latitude. Je me vois prendre une grande respiration pour ne pas entrer dans une lutte de pouvoir, tout en restant ferme et cohérente.
Toutefois, même si la cohérence est certainement le meilleur coup pour mettre ton fucking four K.O., dernièrement, les coups, c’est plutôt moi qui les reçois.
Quand tu me frappes parce que j’ai refusé de te donner une tranche Single de Kraft pour ta collation. Quand tes ongles s’enfoncent dans ma peau suite à ta colère de te faire prendre de force pour aller te calmer dans un endroit sécuritaire. Quand tes poings se referment dans mes cheveux pour m’empêcher de te déposer dans ton lit.
Quand tes mots résonnent encore dans ma tête longtemps après que tes cris aient cessé, ça me rend triste.
Quand tu vires au rouge pour une tranche de fromage orange alors que de l’autre côté, je te propose un bol de yogourt aux fruits frais, je deviens blanche comme un drap, je me demande ce que je fais de travers et ça me rend verte de peur de me dire que quatre ans de constance peuvent être anéantis par quelques passe-droits.
Quand la tempête est passée, que je te berce comme dans ta vie de nourrisson et que tu me dis que tu m’aimes, mon cœur ne sait pas s’il doit se gonfler ou se serrer.
Je ne me permets pas d’abandonner. On va la retrouver, notre stabilité.
En attendant, je nous permets de vivre notre peine dans notre petite bulle, et je me permets de souhaiter secrètement pouvoir te ramener bien au chaud dans mon ventre pour te câliner, te réconforter, te protéger et faire de notre vie un fleuve plus tranquille que ce qu’il est au quotidien.
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