Je le sais mon cœur que de te faire dire non, c’est lourd, c’est plate.
Non. Un tout petit mot qui pourtant est aujourd’hui mal vu dans le cadre de l’intervention parentale en jeune âge. Faudrait que je déplace ton attention sur une autre activité, que je te change les idées, que je l’évite à tout prix parce que tu vivrais un trop-plein de frustrations et que tu aurais de la difficulté à composer avec mon refus, ce qui t’amènerait inévitablement vers la toxicomanie à l’adolescence et éventuellement un risque potentiel de te tourner vers l’itinérance jeune adulte…
Et pourtant, quand tu entreras bientôt à l’école, tu te le feras dire : Non! Par ton enseignant, par un ami, par le chauffeur d’autobus, par les surveillants et peut-être même par ta directrice.
NON.
C’est confrontant, mais ça te prépare à ton arrivée sur les bancs d’école et à celle dans le monde des grands : « Non, tu ne corresponds pas au profil de l’emploi. Non, tu ne peux pas boire en prenant ta voiture. Non, tu ne m’intéresses pas. Non, j’ai pas envie de t’embrasser… ». NON. Point. Pas de matière à discussion ou à renchérir sur le sujet. C’est non.
Avec le non, vient aussi le concept du consentement. Je sais que du haut de tes trois ans que celui-ci est tellement abstrait et loin de ta réalité que c’est du vent.
Pour l’instant.
Si je prends sur moi d’instaurer ce mot dur, franc, parfois blessant, c’est que je suis persuadée qu’il est aussi utile que le oui. Que de t’imposer des limites avec une consigne claire et sans équivoque, ça fait partie de ton développement, de tes apprentissages. Lorsque tu auras à le recevoir alors tu le comprendras, tu le respecteras et tu seras même en mesure de juger si celui-ci mérite d’être transgressé parce que tu ne seras pas devant un constat d’échec, mais plutôt devant un obstacle où tu auras le courage nécessaire pour retenter ta chance. Parce que tu connaîtras tes propres limites.
Tu auras dans ton coffre à outils toute la notion de respect de l’autre et surtout de toi-même. Tu auras la capacité de t’abstenir dans un moment d’intimité où l’inconfort sera trop grand. Tu auras la décence de laisser aller l’autre. Tu auras même la force de t’interdire des chemins qui seront bien tentants, mais qui seraient sans issue au final.
Mon petit loup, ne pense pas que je sois sévère avec toi. Bien au contraire. Si aujourd’hui je te dis non, c’est pour que demain tu aies du discernement. Que tu puisses toi-même le dire lorsque certaines situations compromettantes se présenteront. Si je te dis non, c’est parce qu’il fait tout simplement partie de la vie et qu’on le sous-estime souvent parce qu’il est tranchant. Mais qu’il a le devoir d’exister. Si je te dis non mon cœur, c’est que je veux aussi que tu apprennes à dire oui, avec conviction.
Oui, je serai toujours là, car non, je ne t’abandonnerai jamais. Parce que oui, la vie est difficile et que « non » c’est parfois suffisant comme raison.
Nous résidons dans un bâtiment de 8 logements construit en 2017 et selon le propriétaire tres bien insonorisé. Les locataires au dessus de nous ont un petit garçon de 5 ans qui peut passer de 16h à 21h à courrir et sauter sans arrêt. C’est évidemment un manque d’éducation à moins que ses parents n’aient pas appris à dire NON tu ne courres pas.