À toi pour qui la maternité n’a rien de doux, je veux t’envoyer de l’amour aujourd’hui. Depuis que tu es devenue maman, je sais que tu trouves ton quotidien amer. Je sais que chaque journée qui s’achève soulève en toi des questionnements sans réponses et que tout cela te pèse.
À toi qui ne peux revenir en arrière, mais qui le ferais tellement des fois, je veux te dire que je te respecte. Je te respecte d’assumer malgré tout tes responsabilité et de veiller à l’épanouissement de ta marmaille. Je veux te rassurer aussi. Je le sais que malgré tout, tu les aimes.
À toi, pour qui la maternité n’est pas ce que tu aurais souhaité, j’ai envie de te dire que je ne te juge pas. Je suis au contraire pleine d’empathie pour toi. Parce que tous les jours, même si tu aurais le goût de prendre tes jambes à ton cou, tu offres à tes enfants le meilleur de toi-même. Tu tasses ton bonheur dans un coin pour t’assurer qu’ils trouvent le leur.
À toi qui cherches parfois, souvent, le sens de la maternité, je veux te dire qu’il n’y a pas de bonnes réponses. Pour toi qui as toujours été performante et exigeante, ça manque clairement de sens, je sais.
Quand on cherche dans le dictionnaire, maman est défini comme un terme utilisé par un enfant pour nommer sa mère. On s’entend que c’est vague. On est d’accord pour dire qu’il n’y a là aucun indice pour aider à se faire une idée de ce que c’est censé faire, une mère. À part les affaires faciles à savoir là, je veux dire.
À toi qui restes là, qui se sens si seule malgré une maison pleine d’enfants, je veux te dire que t’as le droit. T’as le droit de ne pas te sentir complètement comblée par eux. T’es pas une moins bonne mère parce que des dizaines de fois par jour, tu rêves d’être ailleurs.
À toi qui en veux à la société de t’avoir fait miroiter les bonheurs de devenir mère, je te comprends. C’est vrai que, parfois, on a toutes l’impression d’avoir été bernées dans ce que représente la charge de ce rôle.
Je te trouve courageuse et audacieuse d’être capable de dire qu’en y pensant bien, tu aurais peut-être pu te passer de ça, devenir mère, pour être une femme heureuse. D’être capable de dire que tu les envies les femmes qui n’ont pas choisi cette réalité. Parce qu’on dira ce qu’on voudra, la société ne veut pas entendre ça. Y’a probablement des centaines de mère qui pensent comme toi, mais elles n’ont pas le droit de dire ça. Les gens ont souvent du mal à comprendre que ta réflexion n’a aucun lien avec l’amour que tu portes à tes enfants.
Si je prends un instant pour t’écrire aujourd’hui, c’est que j’ai senti comme ton cœur est meurtri. J’ai senti comme tu te hais. J’ai vu, tu sais, que tes bras sont toujours ouverts pour tes enfants. Mais j’ai vu aussi que toi, y’a personne qui te prend dans les leurs.
J’avais le goût, à toi qui survis dans ta jungle intérieure, de te dire que t’as le droit de ressentir ce que tu vis. T’as surtout le droit d’en avoir plein le casque et de prendre du recul. T’as aussi le droit de passer la puck une fois de temps en temps.
À toi, pour qui la maternité n’est pas ce qu’elle avait imaginé, je m’excuse de ne pas savoir quoi te dire pour te rassurer. Mis à part d’arrêter de te taper sur la tête comme tu le fais tous les jours. On m’a promis qu’un jour, on retrouve notre liberté. Moi aussi des fois, je l’avoue, je focuse sur cette belle promesse.
Je m’excuse aussi pour tous ceux qui te répondent que tu devrais savourer ce qui se passe sous ton toit, que t’es «riche pis que tu le sais pas». Je sais comme cette phrase vient chercher en toi de la rancœur et de la haine. Parce que cette phrase-là résonne comme une raison de plus de t’en vouloir d’étouffer dans ta réalité.
Ce que tes enfants ont besoin, c’est de sentir qu’ils sont aimés puis ça, tu le fais à merveille. Ça fait que rendu là, t’as le droit de construire ta vie au-delà des scénarios préconçus de la maternité. Y’a des milliers de façons d’être mère. Tu as le droit de choisir la tienne. Je n’ai pas de certitudes de grand-chose dans la vie, sauf celle que ça fait pas de sens de subir sa vie.
Merci