Mon bébé,
Ou plutôt, je devrais dire mon grand, parce que c’est ce que tu es maintenant. C’est ce que tu deviens un peu plus chaque jour. Tu changes, tu vieillis, et moi, j’ai l’impression de ne pas te voir aller.
Tu es un vrai préado, avec toute ton attitude et quelques comportements opposants. Avec tes yeux au ciel, tes révoltes contre de supposées injustices et tes commentaires désobligeants à mon égard. Mais tu l’es aussi avec tes réflexions si justes et ton humour sarcastique que j’aime tant. Autant tu me confrontes et me déstabilises, autant tu m’impressionnes et tu me rends fière.
Depuis que tu es né, tout le monde me dit d’en profiter, que ça passe si vite. Mais comment profiter de l’instant présent quand on ne voit pas le temps passer? Quand tout va tellement vite?
Tu es allé seul en vélo à l’école la semaine dernière. Pour la première fois. Tu étais tellement content. Et tu me trouvais un peu mère poule de te demander de me téléphoner rendu à l’école, et aussi en revenant à la maison. On est déjà rendus là… Qu’est-ce que j’ai manqué?
Que s’est-il passé entre le moment où je t’aidais à t’habiller et celui où tu t’es mis à crier à l’indépendance et à l’autonomie? Comment peut-on en être déjà rendus là?
Tu prends maintenant des douches interminables. Tu te peignes, tu prends soin de toi. Tu es beau comme un cœur, et fier, mon garçon.
Que s’est-il passé entre le moment où je tenais ta main pour traverser la rue et celui où j’ai acheté ton premier désodorisant? Quand est-ce que tu es devenu ce jeune homme? Ça s’est passé quand, comment?
Tu m’étonnes avec tes questionnements sur la vie, avec ton intelligence et tes raisonnements tellement sensés. Tu me touches avec tes peurs, tes craintes, tes prises de conscience. Tu viens me chercher avec ta sensibilité, avec ton empathie, avec ta compassion et ton désir d’aider les autres.
Que s’est-il passé entre le moment où je te lisais des histoires et celui où tu t’es mis à en lire à ta petite sœur? Quand est-ce que tu es devenu assez mature pour aller de toi-même la calmer durant ses crises? T’es-tu réveillé comme ça un beau matin?
Depuis quelque temps, tu me dis que tu apprécies tout ce que je fais pour toi. Tu es conscient de ce que ça demande de s’occuper seule de trois enfants. Tu es reconnaissant, et tu t’inquiètes de voir que je ne prends pas assez soin de moi. Tu m’émeus par ta façon de me montrer que tu m’aimes, par ton désir de me voir heureuse.
Que s’est-il passé entre le moment où je te rassurais après un cauchemar, et celui où tu as su lire dans mes yeux? Cette attention envers les autres, cette façon de prendre soin, elles sont arrivées comment?
J’aime l’être humain que tu deviens, mon fils. Oui, je sais, tu es encore loin d’être un homme, mais ce que je vois me rassure et me donne espoir en l’avenir. Ce que tu es, la façon que tu as d’être ce leader positif et empathique me remplissent de fierté. Je tripe sur nos échanges, sur nos blagues et sur cette complicité qui est la nôtre. Je la sais précieuse et unique, mon amour.
Je me reconnais en toi, dans tes défauts, mais aussi dans certaines de tes forces. Et ce qui s’est passé, mon enfant, c’est que tu as vieilli. Tranquillement. Un jour à la fois. En prenant dans ton sac à dos, tous les outils que moi, et les autres adultes significatifs pour toi, t’ont donnés. Tu te forges cette personnalité chaque jour. Un peu plus. Et tu as de quoi être fier, mon bébé. Mon grand.
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