Ma fille,
Hier soir, je me suis fait traiter de pute car j’ai refusé de suivre l’homme qui m’a payé deux bières et trois shooters. Il était déçu que son « investissement » ne donne pas les résultats escomptés. Il s’est senti dupé. Comme quoi un petit 20$ en alcool lui assurait le droit de me voir nue et de faire ce qu’il voulait de mon corps. Je t’ai payé la brosse qu’il m’a dit.
Hier soir, j’ai encore un peu perdu espoir envers la gent masculine et j’ai peur pour toi, ma fille.
Les gentlemans se font rares dans le monde où je t’ai fait naître. Nous sommes dans une ère où on magasine le love (ou pas) sur les réseaux sociaux. Où on jette à la moindre difficulté car on court après le « parfait », l’utopique et l’éphémère.
En tant que monde de plus en plus individualiste, on ne cherche qu’à combler nos besoins au détriment des cœurs et de l’amour-propre des autres. On abîme, on game, on triche et on flush.
D’autant plus que les gens lancent des qualificatifs en ne s’interrogeant pas sur leur sens réel.
Probablement que si j’avais été une pute, j’aurais suivi cet homme. Je l’aurais laissé me posséder avec son alcool. J’aurais fait l’agace pour qu’il continue de m’enivrer et je l’aurais laissé me prendre comme un objet, comme une catin sans cervelle. Je me serais dit que c’était bien honnête, que je suis une femme, que c’est ma seule utilité. Évidemment, on le sait tous, payer des verres à une femme est un gage de réussite vers une nuit de sexe torride; elle lui doit bien ça.
Mais moi, je ne vaux rien. Je ne vaux pas une brosse d’alcool cheap. Je ne vaux pas un souper au restaurant, ni même une fin de semaine dans un hôtel cinq étoiles. Je ne vaux pas une bague à diamants, une voiture neuve, un voyage à Cuba, un palais en Toscane. Rien ne peut m’acheter. Jamais. Nous, les femmes, ne valons rien ma fille, entends-tu?
Ne te laisse jamais traiter de cette façon. Ne te donne pas si tu n’en a pas envie. Même si tu as séduit. Même si tu es sexy, même si tu es belle, ravissante, charmante et captivante.
Tu mérites un homme qui va t’estimer, qui n’essaiera pas de t’amadouer pour que tu permettes qu’il te conduise dans sa chambre. Un homme qui t’offrira la lune pour conquérir ton cœur et non pour remporter ton cul et qui attendra patiemment que tu lui proposes le second quand tu seras prête. Prête d’amour et de désir. Point barre!
Tu mérites, et comme toute les femmes d’ailleurs, que les hommes te considèrent comme un être intelligent, captivant, séduisant et méritant du respect et non comme une pièce de viande que l’on peut mâcher à sa guise et recracher quand on n’en veut plus. L’homme qui aura l’honneur d’être dans ton lit se devra de te prouver son amour et son respect. Son désir, s’il ne vient avec rien d’autre, on s’en fout; tu es belle, tu es charmante et un homme n’aura jamais le « mérite » de te désirer.
Tu ne vaux rien et tout à la fois. Ta valeur unique ne s’achète pas. Tu mérites tout et ne laisse jamais personne prétendre le contraire.
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