Maman,
Je me rappelle toutes ces soirées lorsque j’étais enfant. Ces soirées à espérer que tu arrives après que je sois couchée pour éviter un face à face avec le stress que tu rapportais toujours à la maison.
Je me rappelle tous ces cours de danse auxquels tu venais me chercher une heure en retard. Je me rappelle même ceux où tu oubliais simplement de venir me chercher.
Je me rappelle à quel point ton travail était ta priorité. Tu m’as souvent dit que tu travaillais pour que je ne manque de rien. C’est vrai, je n’ai jamais manqué d’un toit, de nourriture et de vêtements.
Mais aujourd’hui maman, trente ans plus tard, je te l’avoue : c’est toi qui m’as manqué.
J’ai le souvenir d’une enfance stressante, vide d’activités, sans figure parentale, à toujours avoir peur que la fin du monde éclate.
Je te vois, trente ans plus tard, agissant avec mes enfants comme tu le faisais avec moi. Je nous vois, toi et moi, s’appeler une fois par saison pour prendre des nouvelles trop souvent superflues.
Aujourd’hui maman, trente ans plus tard, je te l’avoue : j’ai peur de te ressembler.
J’ai peur que mes enfants me voient comme une adversaire. Qu’ils craignent de s’ouvrir à moi en pensant que je les jugerais. J’ai peur d’être éloignée d’eux un jour comme tu l’es maintenant de moi. J’ai peur qu’ils voient en moi un stress au lieu d’un réconfort. J’ai peur qu’ils m’écrivent ce texte à leur tour, dans trente ans.
Je crois que dans une relation parents-enfants, on apprend ou on copie.
Maman, pour le bien-être de mes enfants, j’espère avoir appris.
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