new mother at hospital

Ton très reposant séjour à l’hôpital post-accouchement

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Dans l’ensemble, ton accouchement s’est bien déroulé malgré son lot d’imprévus. Pis maintenant que ton p’tit est sorti, c’est le temps des visites du personnel de l’hôpital et ton calvaire se poursuit dans une chambre semi-privée sans air climatisé ni intimité sous aucune forme. C’est le temps de faire le deuil de ta pudeur, de ton orgueil et de consacrer chaque prochaine minute à ton bébé et à leurs protocoles. Tu sais ben qu’ils font juste leur job, que c’est pour votre bien et qu’ils doivent respecter les protocoles religieusement. À. La. Lettre. Pis y’en a même qui sont vraiment passionnés par leur travail. Un peu trop, des fois.

À ton arrivée dans la chambre, tout le personnel t’accueille avec la même phrase encourageante: « Reposez-vous ». Fait que toi, pleine d’espoir, tu penses que tu vas enfin pouvoir récupérer de ton épreuve de maman-baleine-écorchée. Tu penses que t’as assez donné pendant ton marathon de vingt heures sans-boire-ni-manger-et-piquée-de-partout. Que t’as enfin droit à un repos bien mérité après les dernières semaines de nuits mouvementées des derniers miles de ta grossesse. Nan. T’es à l’hôpital pour qu’on prenne soin de toi, mais le sommeil, oublie ça tout de suite. Peut-être à cause du service aux chambres, t’as confondu « hôpital » avec « hôtel cinq étoiles ».

L’histoire, c’est qu’avec de la chance, tu aurais peut-être pu te retrouver seule dans une chambre double semi-privée à soixante-quinze dollars par nuit. Mais non. Avec encore plus de chance, tu aurais peut-être pu accoucher naturellement, alors le personnel t’aurais peut-être laissée dormir trois heures de file. Mais non. Toi, ton marathon est pas fini, fille. Alors que tu avais pensé te lever pour aller soulager tes hémorroïdes avec leur bain de siège tant vanté, t’entends le petit cogne-cogne typique du personnel annonçant leur venue. C’est l’infirmière pour ta prise de sang. Après, tu vas devoir changer la couche de ton bébé, puis changer ta couche à toi, le mettre au sein en-peau-à-peau-sans-pyjama-ni-doudou. Pis as-tu appelé l’infirmière pour lui montrer que tu allaites comme une grande? Sinon, elle va te le faire savoir… Oublie pas le rot, sinon c’est le hoquet. Ah oui, ton bain de siège.

Vingt minutes plus tard, c’est une autre infirmière qui se pointe (l’autre est en dîner), et celle-là, elle veut prendre tes signes vitaux, te palper si profondément l’abdomen jusqu’à pouvoir toucher ta colonne vertébrale, vérifier ta couche, vérifier le contenu de ta couche, vérifier les selles de ton bébé, checker ton anus, t’informer que tu as des hémorroïdes (!).

Bon, maintenant qu’elle est partie, tu te dis que tu devrais appeler pour pouvoir recevoir tes prestations de maman-qui-vient-d’accoucher. Ah non, ça va attendre, parce que t’as maintenant la visite de ta belle-soeur qui est arrivée par surprise. Jase, jase, mais le temps file et tu sais pas comment lui dire que t’as autre chose à faire que de raconter les péripéties de ton accouchement, péripéties que tu vas devoir relater à plus ou moins vingt autres individus dans les prochaines vingt-quatre heures.

Visite partie. Enfin seule. Bain de siège?

Ah, tiens, un duo d’infirmières arrivent pour tripoter tes seins pis voir comment tu allaites… encore. Nouveau quart de travail : même routine. Malgré ta patience infinie, tu comprends pas l’utilité d’avoir un dossier médical, parce qu’à chaque changement de quart, le nouveau personnel veut vérifier les mêmes choses, te pose les mêmes questions, te dit les mêmes recommandations. C’est comme le Jour de la Marmotte à chaque changement de shift. Ça bousille le cerveau. T’as l’impression que tout le monde fait de l’amnésie sauf toi. Patience. Il reste juste quarante heures avant de pouvoir sortir d’ici.

Bébé pleure. Nourris bébé. Console bébé. Tes hémorroïdes te font souffrir. Prends tes antidouleur. Ah, mais ça prend de la nourriture pour digérer ces médicaments-là. Appelle l’infirmière pour qu’elle te commande un lunch puisque t’as manqué la tournée de ce midi.

Avec tout ça, t’as toujours pas averti ta famille que t’as accouché. Ouin. Peux pas vraiment envoyer juste un texto ou poster ça sur Facebook, ça fait cheap. Prends la peine de les appeler en personne. Jase jase. Une bonne chose de faite.

Bain de siège? Trop fatiguée. Mets de l’onguent pis dors. Dis-toi que dans quinze minutes, ta coloc de chambre va devoir gérer une crise de faim de bébé naissant pis te garder réveillée de toute façon. Tes hémorroïdes attendront. Et rassure-toi; ta démarche en pingouin constipé va passer inaperçue dans le département de maternité quand tu te promèneras en jaquette, les fesses à l’air, dans le corridor.

Repose-toi bien, là!

Crédit : Tyler Olson/Shutterstock.com

Marie-Lune

Maman d'une adorable fille-système-d'alarme depuis 2016, ex-chanteuse, ex-karatéka et ex-hygiéniste dentaire. Je suis une intello attirée par tout ce qui sort de l'ordinaire, les gens uniques, colorés, mais agréables. Je suis allergique aux gens négatifs et pessimistes. Je crois qu'il y a toujours une solution à tout. J'ai toujours tendance malgré moi à ressortir du lot étant donné que je ne fais jamais les choses comme tout le monde. Je ne suis pas habile socialement et je m'embourbe parfois dans des tempêtes de verre d'eau si je ne tourne pas ma langue 7 fois avant de parler.

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6 Comments

  • Je trouve ça triste qu’il y a eu aucun point positif de ton post-partum à l’hôpital. Si tu savais comme parfois on assoupli les protocoles afin de vous laisser le temps de vous reposer et « dormir » un peu plus longtemps…
    Il y a beaucoup de surveillances à faire dans le premier 24h qui est plus critique pour maman et BB. Que les infirmières ont surveillé la « couche » pour voir tes saignements, palpé ton utérus qui est déjà très douloureux et regardé tes seins durant l’allaitement démontre seulement que tu avais des bonnes infirmières qui faisaient leur surveillance adéquatement afin de prévenir des complications. Je m’inquièterais plus du contraire…
    Pauvres femmes qui n’ont pas accouché encore.. malheureusement cet article ne donne vraiment pas envie de vivre ce bout de la maternité…
    Isabelle, infirmière en obstétrique.

  • Comme il y a un H devant la bâtisse, ce n’est pas pour hôtel…oui il y a des choses à vérifier post accouchement et ce n’est pas que le personnel infirmier ne se parle pas ….mais bien parce qu’elles ont une job à faire…et bien désolée si ça vous dérange autant, mais le jour où il arrivera quelque chose et que tu voudras nous poursuivres en justice, tu vas probablement te plaindre qu’on a pas fait notre job !! En fait si ça te dérange autant d’avoir une voisine de chambre et bien paie toi donc une privé. Tu vas être seule….et puis tant qu’à faire la prochaine fois accouche à la maison…tu ne te fera pas achaler par personne !! Les infirmières font leur travail, là où il y a tellement de compression budgétaire avec un manque flagrant de personnels, une fin de semaine sur deux alors que toi tu profites de ta famille…. ainsi que tout les fériés et la je ne parle pas des vacances ….. alors la prochaine fois où tu auras envie de jeter ton venin sur la qualité des soins et du personnel infirmier pense à tout les sacrifices que ces gens font pour t’aider et être là au cas ou ça n’irait pas bien !!!

  • c’est marrant j’ai revécu mon hospitalisation en lisant ton article lol tu m’as bien fait rire en tout cas ! même si perso j’avais la chance d’avoir une chambre simple et ça je suis consciente que c’est The luxe

  • Salut Isabelle,

    c’est certain que vous faites votre travail et que certains soins/vérifications doivent être faites. Ça ne veut pas dire que c’est plaisant quand ça nous arrive à nous. Je ne penses pas que son message était méchant envers les infirmières ou le personnel médical, elle parle même ici de la visite! Il faut bien avouer que lorsqu’on accouche, on n’a aucunement du repos après! Et encore moins à l’hôpital car on a un suivi serré pour notre bien. Même si on sait qu’on se fait toucher le ventre, vérifier les saignements, nos selles, l’allaitement, etc, pour notre bien, ça ne rends pas ça plaisant et relaxant. Les protocoles sont là pour de bonnes raisons, aucuns doutes là-dessus, mais ça ne change pas que le protocole est chiant à vivre et ça n’a rien à voir avec les infirmières qui doivent le suivre.

    Aussi, ce n’est pas parce que tu es prête à payer pour une chambre privée que tu vas l’avoir, des fois elles sont toutes prises et tu n’as d’autres choix que d’être dans une chambre semi-privée.

    Mais en tant que maman, SVP abstenez vous de nous dire de nous reposer, c’est plus frustrant qu’autre chose, parce qu’il est impossible de se reposer!

  • Super texte. Je suis enceinte de mon premier bébé et je crois que j’idéalise le processus de grossesse, allaitement et tout ce qui vient ensuite. Alors merci de parler de ton expérience aussi franchement. Je ne considère pas ton texte comme un attaque contre les infirmières, elles font leur travail, et il faut qu’elles détectent une anomalie à temps si c’est le cas. Mais du moins, maintenant je sais que l’hôpital après l’accouchement ce n’est pas des «vacances» avant le retour à la maison!

  • …c’est exactement ça. Et moi j’y suis à l’heure où je vous écris ce commentaire. J’ai des sanglots qui montent car j’ai bien failli perdre ma fille. Tout cet article est vrai et ça fait huit jours que je supporte tout ça. Il reste deux ou trois jours. Et mon mari qui me dit de me calmer alors que je suis en état de choc…

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