Mon bonhomme,
Il me semble que c’était hier que le soleil brillait de tous ses feux et que nous nous préparions à vivre un été rempli de promesses et déjà, l’automne, la routine et sa course effrénée submergent notre quotidien, nous réduisant à sillonner la ville sans relâche du point A au point B, puis du point B au point A, matin et soir, à grands coups de claquements de portes de voiture, de pâte à dents séchée dans le lavabo, de devoirs faits en vitesses et de lunchs préparés à la hâte.
Mais cette année, malgré le temps qui file trop vite lorsque les feuilles se mettent à rougir puis à sécher, j’aimerais que nous apprenions à prendre le temps de prendre le temps et que nous trouvions notre rythme plutôt que de se laisser envahir par la folie du quotidien.
Lorsque le ciel se couvrira de nuages et que la grisaille de l’automne s’installera pour de bon, je figerai le temps en caressant tes cheveux pendant de longues minutes, le mardi soir, après la course du souper et avant l’heure du bain, entre tes peluches préférées et les coussins moelleux de la causeuse du salon. Pour revenir à l’essentiel. Pour respirer l’odeur de bébé qui s’accroche encore un peu au creux de ton cou. Pour ne rien perdre de ce que le temps qui file trop vite veut parfois nous dérober.
Lorsque les après-midi deviendront plus frais et que nous rentrerons d’une balade dans les rues du quartier, les joues rougies par le froid, je te préparerai un chocolat chaud avec trois guimauves comme tu l’aimes et le contact du breuvage sur nos lèvres réchauffera notre cœur aussi vite qu’il réchauffera nos corps pour nous rappeler que c’est dans les petits plaisirs que se trouve la clé du véritable bonheur et non pas dans cette quête frénétique de tout faire mieux et plus vite qu’on s’impose un peu plus chaque jour.
Lorsque la noirceur tombera avant même que nous ayons passé à table le soir, j’allumerai une chandelle et nous ne mangerons qu’à sa lueur sans plus de télévision qui hurle, d’écrans qui projettent trop d’images et de téléphones intelligents qui se nourrissent du peu de temps que nous avons encore ensemble les soirs de semaine. Devant sa flamme vacillante, je prendrai le temps de m’arrêter entre le repas préparé en vitesse et la vaisselle qui m’attend dans l’évier de la cuisine pour découvrir le grand garçon que tu deviens un peu plus à chaque jour qui passe.
Lorsque les premiers flocons de neige virevolteront dans le ciel, annonçant déjà l’arrivée de l’hiver, nous sortirons sur le balcon et nous tirerons la langue comme lorsque j’étais petite pour goûter à la frénésie de la première neige quitte à ce que j’arrive en retard au boulot. Juste pour le plaisir de voir ton regard s’illuminer et me rappeler que la vie qui passe ne doit pas avoir raison de notre cœur d’enfant. Juste pour que mon cœur d’enfant n’arrête jamais d’aimer le tien. Juste pour entrevoir la vie avec la même candeur que tu sais si bien le faire.
Mon bonhomme, l’automne est à nos portes et la routine nous a déjà assaillis depuis quelques semaines, mais l’un comme l’autre n’auront pas raison de notre bonheur cette année.
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