À toi, l’infâme fatigue,
Quand j’ai choisi de devenir mère, je m’étais faite à l’idée que tu viendrais faire ton tour. Étant une fille prévoyante, j’ai planifié ta venue pour emmagasiner des heures de repos et te combattre avec force. Avec mes petits plats préparés d’avance et mon grand ménage fait, je me pensais au-dessus de toi.
Pis t’es arrivée comme un ouragan et tu m’as chamboulée. Tu attaquais mes moindres réserves. Tu savais te montrer sournoise; quand je pensais reprendre le dessus ,voilà que tu t’associais aux poussées de croissance et aux dents pour me déstabiliser une fois encore.
Il n’y avait rien à faire, tu avais élu domicile dans mon corps et j’avais l’impression que tu ne partirais jamais. Tu étais comme un parasite de ma vie, te nourrissant de chaque étape que je vivais avec mon bébé.
À grands coups de cache-cernes, de café et de power nap, je tentais tant bien que mal de garder le fort et de ne pas te montrer que je n’avais pas su te repousser. Tu avais su booster mon orgueil avec le temps, question de t’assurer que je t’affronte seule.
Je ne voulais pas être une pâle copie de moi; je voulais être cette mère d’exception qui fait tout, qui joue avec son enfant, qui prépare une collation santé pendant la sieste et un souper cinq étoiles pour son amoureux entre deux allaitements.
Je te détestais, mais j’ai appris.
Avec toi, j’ai appris à définir mes priorités, à choisir mes combats, à demander de l’aide même si j’ai encore des croûtes à manger sur ce point. J’ai appris à accepter que parfois, on ne peut pas tout faire ou tout réussir et que mes enfants peuvent s’ennuyer et jouer seuls aussi parfois.
J’ai choisi de ne pas te laisser dicter et gérer ma vie; je vis chaque moment et j’accepte de plus en plus que rien ne sera parfait parce que j’ai la chance d’être une mère et que je ne veux plus passer à côté de ce cadeau parce que tu gruges mes réserves.
Les nuits sont courtes, les journées chargées, mais je prends soin de mon corps et de ma tête et ça, ma chère, je sais que ça te fait mal. Ça te fait mal quand je prends le temps de me nourrir, de bouger, de rire et même de me coiffer. J’ai assez appris de toi pour te laisser à la porte de la maison. Tu reviendras bien assez tôt, mais tu ne me fais plus peur. Je ne suis plus seule à t’affronter. Nous sommes une équipe qui avance, se relève et profite ensemble de tout ce qu’il y a de beau dans le fait d’être parents.
Je t’ai vue tantôt, tu parlais avec ma patience que tu tentais d’intimider avec la gastro et le rhume. Tu continues de bien me pousser dans mes retranchements, mais prépare-toi car j’ai appris à lâcher prise et cette arme pourrait t’être fatale.
Pis pour le reste, je gérerai, un moment à la fois.
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