Chère maman qui travaille,
Chère maman qui se lève matin après matin à cinq heures et demie pour préparer ses troupes au combat d’une autre journée entre le dégât de lait du plus jeune à ramasser, les boîtes à lunch sans allergènes à préparer, les mitaines égarées à retrouver et le trafic qui contrecarrent toujours tes plans, tu es formidable.
Malgré la vitesse folle à laquelle la vie défile, à un point tel que tu as parfois l’impression d’assister au film de ta vie à titre de spectatrice, tu maintiens le cap, tu revêts ton tablier de maman, tu beurres les toasts de ton cadet et tu les coupes en forme de triangle tout en brassant le gruau aux pommes de l’aîné de ta main libre. Tu essuies les nez qui coulent en enfilant tes pantalons, tu coiffes les cheveux longs qui doivent être brossés en boutonnant ta chemise et tu t’assures que tout le monde dans la maisonnée part avec une boîte à lunch bien garnie tout en cordant les sacs à dos de tous et chacun dans le coffre de la voiture.
Tu roules sur l’autoroute pendant trop longtemps, ta voiture prise en sandwich entre les milliers d’autres qui semblent stationnées sur la chaussée. À la garderie, tu prends le temps d’embrasser trois fois ton petit dont une larme coule déjà sur la joue à l’annonce de ton départ. Tu remontes en voiture, le cœur en miettes pour conduire ton deuxième à l’école en prenant soin de te stationner à cinq minutes de marche comme on t’a déjà avisée deux fois qu’il n’était pas possible de se stationner en double devant l’entrée. Tu remontes une deuxième fois en voiture, le souffle court parce que tu as couru sur le chemin du retour en voyant l’heure qui tourne trop vite.
Tu débarques au bureau, en nage d’avoir couru, les cheveux enmêlés par le vent, ta blouse déjà tachée par les petits doigts pleins de confiture de tes enfants et tu dégustes ton premier café chaud.
Puis tu retires ton tablier de mère au profit de ton attaché-case de travailleuse. Tu bosses, tu challenges des partenaires, tu sers des clients, tu te donnes corps et âme pour ce travail qui t’apporte autant qu’il te prend.
Tu sors du travail à cinq heures, la tête pleine de ta journée, des tâches que tu devras accomplir demain et des défis que tu auras à relever lors des évaluations, des formations et des présentations qui composent ton quotidien au bureau. Tu cours à la garderie et tu revêts en chemin le tablier de maman que tu avais chiffonné et laissé en boule sur le siège arrière à côté du siège rehausseur du plus vieux. Tu ramènes tout le monde à la maison en plus ou moins quarante-cinq minutes pendant lesquelles tes petits souhaitent tous avoir le dessus sur l’autre pour raconter à leur maman qu’ils n’ont pas vue depuis huit heures ce qu’ils ont fait de leur journée.
Arrivée à la maison, tu ranges les sacs, les boîtes à lunch et tu t’empresses d’entamer la préparation du souper. Le temps file et dans deux heures, tout le monde devra dormir à poings fermés. D’un œil distrait tu surveilles l’eau qui bout tout en faisant réciter la table de quatre à ton aîné pendant que le plus jeune écoute la télévision dont le volume est encore une fois trop élevé. Après t’être relevée quarante-huit fois pendant le repas, tu ranges et donnes le bain. À l’heure de l’histoire, tes petits sont pendus à tes lèvres malgré le sommeil qui pèse lourd sur leurs paupières. Tu les bordes amoureusement, fascinée par la beauté de leur petit corps endormi.
Puis, tu retires ton tablier de maman au profit de ton plus beau sourire amoureux et tu passes un moment en tête-à-tête avec l’homme de tes jours et de tes nuits. À parler du quotidien. De votre routine. De votre couple. Ou vous vous taisez devant un écran qui projette l’histoire de personnages fictifs, soupirant d’aise après une journée qui a coûté cher à votre jauge d’énergie respective.
Et finalement, tu te dévêts pour ne plus être que la femme que tu es, dans toutes ses qualités et ses défauts, ses moments d’impatience et sa beauté et tu sombres dans le sommeil jusqu’à demain. Pour recommencer.
Ta vie t’exaspère par moment et les tabliers, les sourires et les malettes te pèsent parfois mais tu trouves toujours la force d’apprécier ce que tu as. Tu trouves toujours l’énergie de faire ce qui doit être fait. Tu trouves toujours le temps de couvrir tes enfants de baisers. Tu trouves toujours un moment pour prendre soin de ton couple. Tu trouves toujours la motivation et l’envie qu’il faut pour faire de chaque journée de travail un accomplissement.
Mais malgré tout, tu trouves le tour de douter de toi. Mais malgré tout, tu trouves le tour de croire que tu n’en fais pas assez. Mais malgré tout, tu trouves le tour de croire que tu n’es pas à la hauteur trop souvent.
Chère maman qui travaille, n’en doutes plus, tu es formidable.
Merci ! J’avais besoin de ça 🙂
Merci!
Merci!
Merci!
J’aimerais avoir du vocabulaire pour varier mon remerciement, mais c’est tout ce que j’ai
Je crois qu’il faudrait véhiculer un message ou le rôle du père est reconnu dans la routine. Mon conjoint participe activement dans la routine de tous les jours et même souvent plus que moi qui travaille énormément. S’il n’était pas là je n’y arriverais pas. Je trouve que ce texte enlève toute importance au père qui est juste la pour aller souper en tête à tête avec la mère.
Même si cette situation peut s’appliquer à certaines familles, je crois qu’il ne faut pas véhiculer le message que la maman doit tout faire de A-Z. Élever des enfants de fait à deux …
Oui tu as raison Gabrielle! J’ai des jumeaux de 15 mois et un grand de presque 5 ans et mon conjoint est là tous les soirs pour les enfants car j’arrive plus tard du travail. Je ne le remercierai assez d’être là pour nous même si je sais qu’il trouve ça dur! Chapeau les papas impliqués!
Alléluia! Merci Gab!
Je partage les commentaires de celles qui, comme moi, se sont aperçus de l’absence de présence masculine. Je me reconnaissais dans le texte… Mais moi, je suis séparée depuis 3 ans…
Il est où le papa dans cette histoire? A moins d’être monoparentale aucune femme ne devraient avoir à TOUT faire. On n’est plus en 1930, les hommes ne sont pas juste des géniteurs, ils ont un rôle à jouer. On a encore beaucoup de chemin à faire visiblement
C’est agréable d’entendre ça. Effectivement, je rejoins les autres, le titre serait plutôt : parents, n’en doutez pas vous êtes formidables ! Car chez moi, le papa s’investit beaucoup dans la vie de notre fille. Nous formons une équipe pour elle 🙂
Merci.
Ce texte m’a fait beaucoup de bien. Je trouve très souvent que je ne suis pas une assez bonne maman. Que je n’en fait pas assez. Je me mets trop souvent en doute.
Merci beaucoup pour ce texte
C’est exactement ça, sauf que le moment en tête à tête n’existe pas pour moi. J’élève seule mes enfants depuis 5 ans 365/365 jours…