Mon amour,
Je me rappellerai toujours le jour où j’ai appris que j’étais enceinte de notre bébé. Après des années de travail acharné, tu venais de terminer tes études. Un diplôme en poche et la vie devant toi, nous pouvions enfin nous lancer dans nos projets de grandeur que nous avions mis sur pause. Notre famille n’en faisait pas partie dans un avenir aussi rapproché. Lorsque mon test s’est révélé positif, par un dimanche matin comme les autres, j’étais terrifiée. Nous avions des projets de voyage, de devenir propriétaires, mais pas de devenir parents, pas là, maintenant. Lorsque je te l’ai appris, la peur au ventre, tu m’as ouvert les bras et jamais je n’avais vu sur tes lèvres plus beau sourire. J’étais terrorisée, mais toi, tu étais là, confiant et rassurant.
Je n’aurais pu imaginer quel père tu serais durant ma grossesse. Ma bedaine, tu l’aimais et malgré les kilos en trop, j’étais la plus belle à tes yeux. Tu prenais soin de moi aux petits oignons, malgré mes sautes d’humeurs et mes envies douteuses. Lors d’une de nos longues promenades en voiture, tu m’as dit tout bonnement, juste comme ça, le prénom que porterait notre fille, si c’en était une. J’avais tellement les larmes aux yeux que l’idée ne m’est jamais venue de te contredire. La preuve était faite, mon enfant aurait un papa parfait.
Puis notre fille est née et elle a grandi. C’est là que tout a commencé à changer. La frustration montait en moi de jour en jour. Comment est-ce que ça se pouvait que tu sois papa et que tu ne saches pas qu’à trente-huit degrés, ton enfant faisait de la fièvre? Qu’on ne donne pas de produits laitiers à enfant qui a le rhume ? Qu’il faut couper les saucisses pour réduire les risques d’étouffement? Les tâches et responsabilités semblaient s’alourdir sur mes épaules. Du choix de costumes d’Halloween au changement de garde-robe pour les saisons. Pourquoi tu ne savais pas toutes ces choses-là? J’étais déçue que nos cerveaux ne fassent pas qu’un et que le transfert de connaissances n’était pas automatique. J’aurais aimé que tu saches.
Alors que j’avais la tête pleine, à penser quelle robe porterait notre fille à Noël, quels cadeaux le Père Noël lui apporterait ben, et toute la bastringue, un bruit qui a stoppé l’ouragan dans ma tête. C’est là que je t’ai vu étendu dans le salon en train de jouer avec notre fille qui riait aux éclats. Ses yeux brillaient d’admiration devant toi et les tiens d’amour pour elle. C’est là que j’ai compris que tu étais exactement le père qu’elle méritait; un père présent, attentionné, avec tellement d’amour à donner.
À cet instant, je me suis promis de ne plus jamais te reprocher ce que tu ne savais pas et de te considérer simplement comme un papa qui apprend. Un papa en construction au même titre que j’apprends à être une meilleure mère chaque jour.
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