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La sens-tu? La vibe de tes vacances? Cette douce onde d’excitation que tu projettes depuis six mois, à travailler d’arrache-pied de neuf à cinq dans ta job de fonctionnaire, accumulant les heures pour pouvoir décrocher un minable deux semaines au mois d’août ? Celle qui te fait danser sur un rythme endiablé de samba rien que d’y penser ou, plus réalistement, celle qui fait finalement plutôt convulser ton bambin en crise dans une halte-routière sur le bord de la vingt entre Montréal et Québec parce que y’est pu «capaaaaable» de s’endurer en auto pis que l’entorse à sa routine ne lui sied pas bien pantoute ?
Personnellement, j’ai commencé à moins bien la feeler, cette vibe de vacances, depuis que j’ai des enfants. Parce que justement, y’a tu de quoi de moins relaxant que des vacances avec des enfants de respectivement trois ans et demi et quatorze mois? Je le sais, tu le sais, on le sait toutes. Même tes six derniers mois de travail-éreintant-de-fonctionnaire peuvent pas battre ça. Mais pour une raison qui m’échappe encore, le syndrome de l’autruche ou celui de Mylène Farmer (VOYAAAAAGE!) peut-être, on essaye encore tous de se convaincre du contraire.
Comme moi, t’es fatiguée mais donc ben motivée à t’offrir un dépaysement minimal, hen? Pis tu te dis qu’avec des enfants, une destination simple (genre…. Québec ou le très exotique Drummondville) avec un trajet d’auto simple de deux-heures-et-demi-peut-être-trois-avec-des-p’tits-stops ne pourrait faire autrement que de bien se passer, non? C’est quand même pas aussi loin que la Floride pis c’est pas Tahiti non plus, t’sais!
Ben non, l’aventurière, détrompe-toi! C’est toujours dans les prémisses les plus inoffensives que se cachent finalement les idées les plus saugrenues ! T’sais les fausses bonnes idées là ?
Premier constat : des vacances en famille qui impliquent un trajet d’auto, si minime soit-il, peuvent représenter un risque considérable de dérapage pour ta progéniture et ta santé mentale.
T’as passé une semaine à planifier ton minable quatre jours dans un hôtel d’une quelconque région pis deux heures à te suer l’corps sous un soleil de plomb à pacter ta Toyota Echo 2003-pas-d’air-climatisé pleine à craquer des bébelles essentielles de tes deux enfants pis à peine partie, tu regrettes déjà ta décision. Ton rationnel te dit que t’sais, chez ta mère – avec sa piscine à St-Hubert – ou dans ta cour envahie-de-mauvaises-herbes-mais-nice-pareille – comme le faisait valoir si poliment l’Homme – ça aurait pu faire la job pour des vacances pas chères pis relaxes !
Pour une fois, fille, t’aurais dû l’écouter ! Au lieu de ça, la vibe t’a t’emportée et t’a chuchoté de foncer, t’imposant délibérément une suite inimaginable de petits moments frustrants, infernaux, dont tu te serais pourtant SI BIEN passés et qui ne font que te donner envie de retourner travailler drette-là pour t’aérer l’esprit! Va pour le dépaysement mais pour le décrochage, t’sais, on repassera.
Pis là, c’est après trois arrêts pipi, deux arrêts urgence-intervention-arrache-tête-entre-les-deux-frères pis un arrêt pique-nique MÉMORABLE dans l’boutte de Daveluyville – qui a fini en larmes pour ton plus jeune – que le sort s’acharne sur ta belle vibe déjà pas mal amochée et t’achève comme une poêle en fonte qu’on t’aurait balancée dans les dents : ta lumière de check engine allume sur ton tableau d’bord. Deuxième constat : y’a pas à dire, même quand tu penses que t’as tout vu, le destin s’acharne pour te prouver qu’il t’en manque encore un p’tit boutte !
Ça fait que pour ne pas pousser ta luck , sur laquelle tu as probablement déjà trop ambitionné – les hurlements de tes petits en arrière te le rappelant cruellement – tu rebrousses chemin à cinquante km/h sur la voie de droite, pour le peu de kilomètres que t’as déjà parcouru anyway, avant que la boucane sorte de tes oreilles pis de ton capot de char.
Et tu te dis que tes vacances, cette année, c’est dans ta cour pis au garage que ça va finalement se passer, spéciale dédicace à l’Homme et à son idée plate de départ.
Désolée les enfants, meilleure chance l’année prochaine ! … si, par manque de chance ou de jugement la vibe te frappe encore.
ANDRÉANNE GIGNAC
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