Avant d’être parent, on a tous un idéal de l’éducation à inculquer à nos futurs enfants. Immanquablement et sans le réaliser, on se dit naïvement que le jour où on sera à notre tour parents, on ne tolérera pas telle ou telle chose. Parfois, on y parvient, complètement ou en partie. Sauf que souvent, la réalité nous rattrape à un moment ou un autre.
Alors, à toi, le parent en devenir qui me juge quand mes enfants font des crises en public, je sais que tu me juges parce que tu penses que mes enfants manquent de discipline. Possible. Par contre, c’est peut-être aussi parce qu’ils marchent un peu trop les fesses serrées sans un pouce d’air pour respirer et aimeraient juste être des enfants. Ou parce qu’ils ont leur propre caractère et tempérament et que ce sont des enfants. Et si un caractère se forge au fil du temps, un tempérament, c’est inné. Alors on a beau vouloir changer le tempérament impulsif ou colérique d’un kid, c’est peine perdue.
À toi, l’autre parent qui me dit que ce n’est pas si difficile, qu’il suffit juste d’être constant. Tu penses que ton enfant est bien élevé parce que tu es autoritaire et constant? Je ne te contredirai pas, parce que je crois comme toi que ce sont des éléments clés dans l’éducation d’un enfant s’ils sont bien dosés. Mais ne pense pas que bien élever ses enfants, ce n’est que de les soumettre à notre autorité de parent. Ou à les faire dire bonjour, merci, s’il-vous-plaît. Parce que rien ne dit que ton petit ne se sacrera pas des autres le reste du temps et aura appris le vrai respect.
En fait, c’est rarement aussi simple.
À toi, le parent qui juge, tu me dis que l’important, c’est l’autorité et les consignes. Oui, ça va de soi. Tu penses que ma flexibilité supérieure à la tienne insécurise mes p’tits et les laissent à eux-même en plus de ne pas leur enseigner ce que c’est que des limites? Je pourrais te répondre qu’à l’inverse, trop de rigidité opprime, révolte. Tes petits n’apprendront pas à penser par eux-même et à devenir autonomes si le cadre que tu leur imposes est trop sévère.
Je te dis que que pour acquérir de la confiance en eux, je pense que les enfants doivent vivre des réussites. Et toi tu me réponds que oui, mais qu’il ne faut pas faire les choses à leur place pour qu’ils s’approprient leurs réussites. Je suis d’accord mais j’ajouterais un bémol; s’ils se sentent trop bons, ils deviendront prétentieux ou se sentiront forcés de toujours performer.
On jase de l’acquisition de l’affirmation de soi, t’sais et on veut tous que nos enfants puissent faire face au monde. Ça fait qu’il ne faudrait pas qu’ils soient incapables de dire non! Effectivement, mais minute! Arrange-toi pour qu’ils conservent un filtre. Toute chose n’est pas bonne à dire, même au nom de la liberté d’expression. Et est-ce qu’on les laisse nous répondre ou non? N’est-ce pas dans le nid familial qu’on apprend la communication et le dialogue? Je ne suis pas une divinité, pourquoi prétendre que je possède la sainte vérité? Pourquoi leur interdire de me répliquer?
Bref, dis-moi, s’il n’y a pas deux enfants pareils, pourquoi devrait-il y avoir une seule bonne recette?
Avec tout ça, comment penser pouvoir élever tous nos enfants de la même façon ? Même si nous défendons toujours les même valeurs dans notre foyer, l’aîné turbulent extraverti aura besoin de beaucoup plus d’encadrement que le petit dernier introverti. De plus, si on clame haut et fort que les écoles ne s’adaptent pas suffisamment à nos enfants et les forcent à entrer dans un moule, aussi bien s’adapter à la maison, non?
Ta recette n’est pas plus gagnante que la mienne. Elle est simplement mieux adaptée à ta réalité familiale.
Et, au final, même si on fait une job irréprochable, il se peut que nos enfants virent mal. Et même si on a été négligents, il est possible qu’ils virent bien. Mais dans tous les cas, on attribuera toujours le mérite ou la faute aux parents.
Tu penses encore, futur parent, que tu feras mieux? Sincèrement, je te le souhaite. Tu penses toujours, parent constant et autoritaire, que c’est si simple? Tant mieux, mais n’oublie pas que ce qui fonctionne aujourd’hui ne fonctionnera pas nécessairement demain.
Quoi qu’il en soit, faisons au moins l’effort de moins nous juger. Nous sommes tous des parents qui veulent le meilleur pour nos enfants, certains avec plus d’outils que d’autres. À chacun de choisir ses priorités dans l’éducation de ses enfants parce qu’il n’y a pas deux enfants pareils.
On est tous un peu ce parent qui juge.
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