Ma petite deuxième,
Ma précieuse, très précieuse petite fille. Tu étais souhaitée, rêvée et attendue. Tu n’étais pas plus grande qu’un grain de riz que tu faisais déjà ta place dans notre famille. Ton frère ne comprenait pas tout, mais du haut de ses presque deux ans, il savait que bientôt, il ne serait plus l’enfant unique.
Tout allait comme un charme. Tout, sauf un petit détail qui m’achalait et dont je n’ai parlé à personne. Au fil des mois de grossesse, une drôle de peur est venue me hanter. J’ai eu peur de ne pas pouvoir t’aimer assez. Comprends-moi bien ma puce. Je savais que je t’aimais déjà beaucoup, mais j’avais de la difficulté à croire que j’allais arriver à t’aimer autant que ton grand frère.
Quand je suis devenue maman la première fois, j’ai compris ce qui faisait la différence entre l’amour « ordinaire » et l’amour d’une maman. Il y a quelque chose dans ce lien qui ne s’explique pas, mais qui se vit. Jamais je n’aurais pu imaginer quelque chose d’aussi puissant, aussi fort, aussi inconditionnel. Pour ton frère, j’étais prête à soulever des montagnes.
Il avait pris tellement de place dans ma vie, que j’avais du mal à voir comment j’allais arriver à t’en faire une aussi belle, juste pour toi. Comment est-ce que j’allais arriver à partager cet amour-là entre vous deux? Comment allais-je pouvoir te donner autant sans priver ton frère de quelque chose? Mon cœur débordait déjà… Il allait bien finir par exploser! Elle allait être où, ta place à toi?
Puis tu es née et je t’ai serrée dans mes bras. Dans la seconde où je t’ai vue, j’ai oublié ma peur et j’ai su que je t’aimais déjà tout autant que lui. Dans les mois qui ont suivi, tu as pris une place bien à toi, sans rien voler à celle de ton frère. Vous êtes très différents. C’est ce qui fait que je ne t’aime pas « pareil comme lui », mais je t’aime autant. Mon cœur n’a pas explosé, il a grandi.
Grâce à toi, j’ai découvert un secret de maman : l’amour maternel ne se divise pas, il se multiplie.
C’est tellement ce que je ressens. Tu m’as fait du bien…Merci!