On est dans une ère de changement. Mais y’a jamais vraiment rien qui change, t’sais. On se dit ouvert à la différence mais dans les faits, y’a rien qui te fait plus plaisir que de juger le voisin. Shame on me, j’aime ben ça moi aussi. Mais je le fais dans ma tête, avec mon chum les rideaux tirés ou autour d’un verre de vin avec ma meilleure chum dans le confort de ma cuisine. C’est pas plus smart, mais ça choque personne, t’sais. Ça n’enlève rien à ma victime. Ça ne la blesse pas. L’idéal serait de ne pas m’attarder à ce que Monsieur-Madame fait pis me concentrer sur ma propre vie, mais l’être humain est ainsi fait qu’il aime ben mettre son nez là où il ne devrait pas et le mien ne fait pas exception. Sauf que dans les faits, je sacre la paix au monde.
Ça fait que j’aimerais ça te parler, à toi, la mère qui ne veut pas juger, mais dont la plupart des phrases à l’écrit sur les réseaux sociaux comme à l’oral devant une mère éplorée commence par « Je ne veux pas juger MAIS ».
On va se le dire juste entre nous deux : tu juges. Tu juges à tour de bras. Et j’ai ben de la misère à croire que t’en es pas consciente. Le simple fait de devoir justifier « que tu ne veux pas juger MAIS… » en témoigne. C’est le temps de faire une belle prise de conscience, t’sais. Je sais qu’il y a des sujets qui viennent te chercher pis que c’est pire quand on parle des enfants. Je te fais un gros highfive si t’es persuadée que ta façon de faire avec tes p’tits est la meilleure. Premièrement parce que c’est parfait que tu te fasses confiance. Pis deuxièmement parce que je suis certaine que tu sais mieux que personne ce qui est bon pour ton petit. Le tien. Pas celui du voisin. Parce que le p’tit du voisin, tu ne le connais pas. Tu ne sais pas ce qui le fait rire ni ce qui le fait pleurer. Tu ne sais pas de quelle façon il est né et tu ne connais rien du tout de sa force de caractère. Ça fait que j’ai ben de la misère à comprendre comment tu peux « ne pas juger MAIS », croire que tu détiens une espèce de vérité maternelle universelle sur un sujet ou un autre concernant un enfant que tu ne connais pas. Ça m’échappe. Je veux dire, à moins que tu sois Dieu le père, comment tu fais pour être au courant de la sainte vérité absolue. Pis même si tu l’es, j’ai une petite nouvelle pour toi : la vérité absolue, ça n’existe pas.
Ça fait que la prochaine fois que l’histoire d’une maman te titille sur le net ou n’importe où ailleurs pis que les doigts te démangent, lâche donc le fiel de ton avis sans prétendre que « tu ne juges pas MAIS ».
Pis si tu veux rendre service à toute la communauté maternelle, passe donc ton chemin. Pas que ton avis ne nous intéresse pas. Mais ta propension « à ne pas vouloir juger MAIS » nous laisse présager que tu ne veux pas juste donner ton avis; tu veux l’imposer et en profiter pour dire à ton interlocutrice que sa façon de faire a pas d’allure par la bande.
Peace out.
Beau p’tit texte. Je le trouve vraiment dròle et surtout très vrai.
Bonne continuation à la parfaite maman cinglante!