Hey toi! Oui toi, la chipie qui me regarde avec ton œil de porc frais quand mon bébé pleure dans les endroits publics, j’ai deux trois petites choses à te dire.
Premièrement, je veux que tu saches que mon bébé n’est pas maltraité. Promesse solennelle. Il ne pleure pas parce que je l’ai frappé ni parce que je l’ai mordu (même si des fois j’en ai envie tellement il sent bon et que je l’aime). Ça lui arrive de pleurer, même si j’en prends soin comme la prunelle de mes yeux. Il pleure pour plusieurs raisons et entre autre parce que c’est un BÉBÉ. Je veux aussi que tu saches qu’avant que tu me regardes de travers parce que notre présence et les larmes de ma progéniture semblent nuire à ta petite épicerie, j’ai passé l’avant-midi à la bercer, la nuit à la cajoler et à l’allaiter parce qu’elle a une adorable poussée de croissance qui dure depuis trois jours. Je lui ai aussi parlé, je l’ai chatouillée, je l’ai portée, j’ai répondu à tous ses besoins et je lui ai redonné sa suce entre 265 et 337 fois depuis ce matin. Mais on a manqué de pain. Maudit pain.
Au centre commercial, je t’ai vue te retourner et chercher de vue la mère qui laissait pleurer son bébé de même. Chercher le bébé maltraité, prête à lancer des regards embrasés à la mère qui se cacherait derrière la poussette. Je t’ai aussi vu dire à ta Best friend que ma pauvre fille avait sûrement faim. Hey, tu te prends pour qui? S’il y a quelqu’un sur cette planète qui sait pas si ma fille à faim, c’est bien toi! Ce que tu ne sais pas par contre, c’est qu’avant que tu l’entendes pleurer, elle avait dormi deux heures. Pendant ce temps-là, le monde la regardait comme si c’était la huitième merveille du monde, calme et sereine, pis moi je recevais les beaux sourires de la mère modèle et épanouie. Mais c’est pas tout le temps calme de même un poupon là. Heureusement. Des fois, elle se réveille et pleurniche un peu. C’est ça un bébé, t’as oublié? Alors même si mon héritière pleure parfois en public, je voudrais te dire que ça me fait du bien de sortir de chez nous et de prendre l’air et que je n’ai pas l’intention de m’en empêcher.
Je t’ai vu aussi dire à ta vieille amie que dans ton temps, on sortait pas les bébés de la maison avant six mois. J’ai une petite nouvelle pour toi, mémé. En 2017, les bébés ne restent plus emmaillotés dans le deuxième tiroir de la commode jusqu’à six mois (Dieu merci). Ils suivent leurs parents, partout, tout le temps. Ça leur permet de se développer, de s’épanouir, de s’ouvrir sur le monde et de vivre des expériences, mais ça leur arrive aussi parfois de pleurer un peu. Ce n’est pas toujours parce qu’ils ont faim ou qu’ils sont maltraités. Ce sont des BÉBÉS.
Je ne sais pas si tu en es consciente là, mais ce regard que tu nous portes quand nos enfants pleurent ailleurs qu’à la maison, il n’est vraiment pas nécessaire. On est pas super heureuses de l’entendre pleurer non plus t’sais, on préfère aussi quand il gazouille, mais c’est un bébé. C’est notre bébé et on l’aime plus que tout au monde, même s’il fait parfois de petites crises. On donnerait notre vie pour lui et plus encore, même s’il hurle parfois deux heures d’affilée et que rien ne peut le consoler. C’est un bébé et il paraît que ça prend un village pour élever un enfant. On aurait peut-être aussi besoin de toi et de ta compréhension.
Alors tendre chipie, ton regard méprisant là, garde-le donc pour toi et ton petit mari quand il marchera sur ton plancher frais lavé et laisse-moi vivre ma vie de famille comme bon me semble, même au centre d’achats!
Oupelaye! Que d’agressivité dans ton texte! Tu es fatiguée peut-être? Ou bien fâchée que la dame ait raison et qu’après deux heures de sommeil bienfaisant, bébé se réveille parce qu’il a faim? En tout cas, il a quelque chose. Un bébé ne pleure pas pour rien. S’il est vrai qu’il faille un village pour élever un enfant, laisse les villageois et les villageoises s’exprimer un peu.
« […] laisse les villageois et les villageoises s’exprimer un peu. »
Ce qu’elle ne tolère pas c’est le mépris. Elle a raison d’être en colère.