Des fois, mon gars, j’ai l’impression que ta vie, c’est une juste une longue plainte qui s’étend du matin au soir.
Ça commence par les toasts coupées en carré au lieu d’être coupées en triangle. Ça se continue avec ton kit à porter qui est pas de la bonne couleur. Ça se poursuit parce que t’as pas le goût de monter dans le char pour aller à la garderie. Ça lâche pas une fois rendu parce que tu voudrais que je te quitte plus jamais.
Je ne sais pas si tu chiales de jour en semaine, mais nos dernières vacances pis les fins de semaine me laissent présager que oui.
Ça reprend le soir quand je viens te chercher et que je t’apprends le menu du souper qui fait pas ton affaire. Pas besoin de te parler du moment où je t’annonce que tu vas jouer dehors plutôt que de te taper une game de jeu vidéo parce qu’il fait beau quand on arrive à la maison. Quand je te dis que c’est le temps de rentrer souper, ça fait pas plus ton affaire parce que t’avait du fun dehors. On négocie à qui mieux-mieux le nombre de bouchées pendant que tu fais la baboune en mangeant. Tu protestes de long en large parce que c’est l’heure du bain puis tu chiales pour ne pas que je te lave les cheveux. Pis après, tu trouves ça ben injuste d’aller te coucher sans que je te raconte d’histoires.
Quand la semaine finit par finir, tu te plains que tu te couches trop de bonne heure pour un vendredi soir. Le lendemain matin, tu trouves ça plate que je fasse des crêpes parce que tu voulais du pain doré. On a droit à une belle période de contestation parce que t’as pas le goût d’aller à ton cours de soccer, puis une grande déception parce qu’on ne va pas dîner chez McDo. En après-midi, tu trouves la balade au parc trop longue pis, au souper, tu trouves la sauce à spaghetti trop épicée. L’eau du bain est clairement trop chaude pis le choix de film avant le dodo ne fait pas ton affaire.
Pis on répète. À l’infini.
La vérité, mon gars, c’est que tout ce que je fais, je le fais pour te faire plaisir. Peut-être pas toujours de la façon dont tu le souhaiterais, mais en toutes circonstances avec les meilleures intentions du monde, et ta propension à chialer me fait de la peine et me donne parfois envie de laisser tomber. De ne plus organiser de sorties spéciales. De ne plus faire de crêpes le samedi matin et de te laisser manger des céréales. De ne plus cuisiner tes repas préférés. De ne plus aller te chercher plus tôt à la garderie. De ne plus aller jouer au parc.
Le bonheur se trouve dans les choses simples de la vie et tu seras un adulte bien malheureux si tu le perds déjà de vue du haut de tes trois pommes. Tâche de t’en rappeler la prochaine fois que tu auras envie de te plaindre qu’on mange du pâté chinois pour souper.
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