Depuis que tu as des enfants, tu ne peux t’empêcher de te fabriquer des images de leur avenir. Un avenir que tu imagines heureux, grand et plein de promesses de réussite. Un avenir que tu imagines sans grande douleur, un avenir simple, sans drame.
Tu souhaites le meilleur à ton enfant. Tu ferais tout ce qui est en ton pouvoir pour éviter de le voir souffrir. C’est ça, le rôle d’une maman.
Mais la vie t’a appris avec les années que nos rêves d’avenir ne se transforment pas toujours en réalité. Qu’on ne peut pas contourner ou ignorer tous les événements qui pourraient nous faire verser une larme.
Des fois, on ne peut juste pas tout décider.
Ce sera le cas de l’orientation sexuelle de ton enfant.
Tu préfères ne pas y penser tout de suite, à la possibilité que ton enfant ne fasse pas partie de la majorité dont toi, tu fais partie. Il est encore si petit. Tu le laisses vivre sa vie d’enfant. Et tu as bien raison.
Tu as souvent des images mentales où tu te vois grand-mère, où tu t’imagines déjà descendre ton fils dans l’allée afin que sa future femme vienne le rejoindre, où tu te vois juger le chum de ta plus jeune afin de la protéger de sa première peine d’amour. Mais parfois, ces images d’avenir sont chamboulées. Un doute s’installe.
Et si ton enfant était gai?
L’homosexualité de ton enfant n’a jamais fait partie des images mentales d’avenir que tu te créais pour lui. Mais il arrive que la vie te place face à des situations qui te font revoir l’avenir. Parce que ce n’est pas de ton avenir, la mère, dont on parle. C’est celui de ton enfant.
Pourtant, tu n’entretiens aucun préjugé sur les homosexuels. Tu as des amis de toutes orientations, et ça ne fait aucune différence pour toi. Tu sais pertinemment que pour toi, c’est un détail qui n’a aucune importance dans tes relations avec les autres. Ils sont heureux? Parfait alors. Tu l’es aussi.
Mais lorsqu’il est question de ton enfant, tu as l’impression que tes beaux principes prennent une débarque. Le cœur prend le dessus sur la tête.
Ce n’est pas de ta faute. C’est plus fort que toi. Tu es une maman après tout. Et pour toi, l’homosexualité rime bien souvent avec épreuve, peur et jugement. Même dans notre société supposément évoluée, tu es consciente que si ton enfant est gai, il sera confronté à tout ça. Malheureusement.
Ce sont bien souvent les préjugés des gens qui t’entourent qui te font douter du chemin que prendra ton enfant. Et tu l’avoues, ça te titille. Moins poliment, ça te tape sur le gros nerf.
Quand ton fils décide de se déguiser en madame à l’Halloween, tu ne vois aucun problème avec ça. Jusqu’à ce qu’une personne bien intentionnée de ton entourage te fasse remarquer qu’il est peut-être homosexuel. Que ce sont les gais qui font ça.
Même chose quand ton garçon veut que tu lui mettes du vernis sur ses ongles, pour qu’ils soient comme les tiens. Ou qu’il joue au papa avec les poupées de sa sœur au lieu d’utiliser les camions qui traînent dans le salon. Même histoire quand les gens se rendent compte que ton garçon n’est pas sportif pour deux cennes et qu’il préfère de loin les jeux calmes des filles ou les livres. Il y a toujours quelqu’un pour te rappeler que ton fils aimera peut-être mieux les hommes plus tard. Des préjugés qui te puent au nez. Mais qui font parfois leur chemin dans ta tête.
Et ta fille ne sera pas épargnée de ces commentaires désobligeants. Si elle n’aime pas les princesses, qu’elle joue au hockey ou qu’elle préfère jouer dehors avec les boys plutôt que de faire du bricolage à l’intérieur, tu te feras certainement casser les oreilles avec l’opinion des gens qui t’entourent : elle est sûrement lesbienne.
C’est là que tu t’es dit que c’était assez. Que les autres, ils allaient se mêler de leurs maudits oignons.
Peut-être que ton enfant serait gai. Peut-être pas.
Et sincèrement, tu ne pouvais rien y faire.
Rien, à part être présente pour lui. Être prête et ouverte à recevoir ses confidences, ses inquiétudes. Être prête à l’accompagner et le soutenir dans son chemin, quel qu’il soit.
Et surtout, être là pour l’aimer. Tout simplement.
Parce que si ton enfant est heureux, tu l’es aussi. Peu importe son orientation sexuelle, le métier qu’il choisira, la ville dans laquelle il vivra.
Tu es sa mère, pour toujours.
Son avenir lui appartient. Et il sera beau, tu n’en doutes pas.
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