little girl computer crying

Mes « cyberpeurs » : l’intimidation

little girl computer crying

Il y a longtemps, bien bien longtemps, j’étais une jeune fille timide qui fréquentait un collège privé pour y faire mes années de secondaire en ayant un meilleur encadrement et un milieu de vie plus sain que dans les écoles publiques de ma région. C’était les principales raisons pour lesquelles mes parents avaient fait le choix de m’y inscrire. Par contre, dès le milieu de ma première année du secondaire, les choses se sont envenimées comme pour plusieurs autres jeunes filles. Comme pour toi peut-être?

Ça a commencé par des commentaires poches venant de mes « amies ». Suivis par des petits mots pliés en huit pour recréer une petite enveloppe que les filles se passaient de pupitre en pupitre jusqu’à ce qu’il m’arrive enfin avec pour toutes lettres « Ne viens plus dîner avec nous, t’es conne, t’es plate, on veut pu de toi dans notre gang. » Finalement ça a été les coups et le « rentrage » dans les cases quand la surveillante avait le dos tourné. Du jour au lendemain, j’ai dû me refaire un nouveau cercle d’amies dans un petit collège où tout le monde se connaissait. Après deux ans, j’ai finalement réussi à convaincre mes parents de me changer d’école sans qu’ils n’en sachent rien et j’ai tout recommencé à zéro. Je me suis endurcie et j’ai appris à m’affirmer. L’histoire s’est bien terminée pour moi malgré les traces profondes que ça a laissées sur mon estime personnelle. Mais je n’ose imaginer si ça avait eu lieu aujourd’hui.

Avec l’avènement des médias sociaux, tout va plus vite, tout est plus gros, tout devient plus grave. Je ne sais pas si ça aurait été possible pour moi de tout gérer.

Alors aujourd’hui, maintenant que je suis maman de deux petites filles, j’ai peur à nouveau. Comme la première fois où j’ai reçu un coup dans le bas du dos visant à me faire tomber dans le fond de ma case tête première. J’ai peur pour mes enfants. J’ai peur qu’elles vivent ce que j’ai vécu version cybernétique. J’ai peur que tout le dur labeur que leur père et moi faisons tous les jours pour leur donner de bonnes valeurs, une confiance en elles et une bonne estime personnelle soit réduit à néant par un – ou des – petits cons mal intentionnés qui ne sont pas capables de réfléchir aux conséquences de leurs actes. Aux blessures profondes et permanentes qu’ils pourraient créer chez mes enfants.

Mes enfants que j’aime plus que moi-même. Mes filles que je voudrais donc protéger de la laideur du monde pour qu’elles n’y voient que ce qui est beau et doux.

Qu’est-ce que je vais faire si cela arrive? Comment je vais faire, moi la maman qui est censée avoir réponse à tout, pour résoudre la situation? Moi qui sais à peine comment fonctionne Facebook (parle-moi pas d’Instagram, Snapchat, Twitter, pis toute la patente. Tu me perds là!).

Comment on s’y retrouve? Comment on s’y prend? Le sais-tu, toi, fille?

Comment est-ce qu’on prévient ça?

Qu’est-ce que je peux faire?

J’ai si peur.

J’ai des « cyberpeurs » pour mes enfants.

J’aimerais donc revenir au petit mot méchant plié en huit en forme d’enveloppe qui est plus facile à gérer selon moi. J’aimerais tant juste me dire que je n’ai qu’à leur montrer deux ou trois techniques d’autodéfense pour contrer les coups des autres. J’aimerais tant qu’elles ne le vivent juste pas. Mais je ne peux pas.

Je me sens « cyberimpuissante ».

Crédit : Dmitri Ma/Shutterstock.com

Amy Bureau

Maman de deux petites poules frisées de 2 mois et 3 ans, j'aime mes filles (surtout quand elles dorment!) qui m'en font voir de toutes les couleurs chaque jour. En plus de mon rôle de mère moins que parfaite, je suis également éducatrice spécialisée à temps plein auprès d'enfants et adultes aux prises avec une déficience intellectuelle et/ou un trouble du spectre de l'autisme. Je suis une folle au kodak qui prends des milliers de photos de sa progéniture, mon muffin top me colle au corps, j'ai un penchant marqué pour le chocolat et pour les siestes d'après-midi collée dans le cou plein de lait séché de ma petite dernière.

Plus d'articles

Post navigation

3 Comments

  • Tu mets un point énorme sur cette problématique cybernétique aujourd’hui. Ma nièce a traversé ca et je dois dire qu’il a fallu la pousser à etre menancante et à montrer qu’elle n’avait pas peur de ces filles. Mais avant tout il a fallu qu’elle ait assez confiance en nous (sa mère et moi) pour en parler. Des fois je devais repondre sur Facebook pour elle mais nous y sommes arrivées. Tel que tu as appris à élever tes enfants en faisant confiance à ton instinct tu sauras quoi faire si la situation se presente. Ce que je ne souhaite pas. Mais il te faudra etre forte et leur montrer à ne jamais avoir peur et à repliquer du tact au tact quand on les provoque. Ca fait réfléchir ceux qui se croient plus intelligents. Une fois que tu te laisses faire ca continue mais si des la premiere fois tu te defends… ca stop un peu la folie et il ne faut pas hésiter à menacer d’aller voir la police. J’élève mon fils comme ca et jspr que ca marchera toujours. Bonne chance ?

    • Wow merci pour ce beau témoignage!! J’espere aussi ne pas avoir à y faire face, mais en même temps je crains que ce soit inévitable de nos jours… je prends en note vos conseils!! Merci ?

  • En effet, le tact au tact…J’ai toujours été là plus petite de la classe…Voire de l’école,rendu au secondaire, mais je ne me suis jamais laisser piler sur les pieds, ça m’a renforcie…Lorsque LA bitch de l’école entourée de toute sa clique vient te shooter dequoi par la tête pour se penser Ben hot devant ses p’tites morveuse pour te faire passer pour une merde et que tu lui fait face et que tu l’insulte encore plus et qu’au final, c’est toute ses petites suiveuses à claque qui se retournent et se mettent à rire d’elle…Et bien elle y repense à deux fois avant de recommencer…La cyberintimidation, c’est pareil…mais X 100…Lorsqu’elles bitch sur internet en publique…Ben faut lui retourner la monnaie de sa pièce et leurs faire goûter à leurs propres médecines…Nos insulteuses de bas niveau n’étant plus capable de bitcher en pleine face utilise internet…Bien plus facile…Mais bien plus facile de rétorquer aussi…Maintenant il y a l’avantage qu’on peut prendre le temps de réfléchir à notre réponse avant de l’envoyer…Ce que nous ne pouvions faire dans notre temps…La pomme tombe jamais bien loin du pommier…ma fille, toujours la plus petite de sa classe, également toujours dans les premières de classe à commencer à goûter aux commentaires plates des autres…Contrairement à bien des parents, je lui ai presque interdit de rapporter tout au prof….question de ne pas se faire encore plus intimider… Mais je lui ai donner plusieurs trucs pour se défendre et savoir quoi répondre….Elle en était tordu en 4 à rire et à penser à comment elle revirer la situation le lendemain….C’est lorsqu’on.l’a vécu justement qu’on est le mieux outillé pour le montré…Jamais je ne publierai ma fille si elle se fait réprimender pour s’être défendu et de ne pas s’être laisser intimider…mais hooo qu’elle y repenser à si elle devait starter le bal….tkt…à chaque époque ses problèmes et ses solutions!!!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *