Après huit mois de tergiversations, de guerre, de livres perdues et de faux sourires au travail, je l’ai signé ce crisse de bail.
« On ne devrait pas rester pour les enfants », qu’ils disent.
« Une maman heureuse, c’est plus important pour un enfant », diront d’autres.
Mais ils ne comprennent pas. Ou c’est moi qui ne comprend pas encore. Quand tu vois l’insécurité et l’innocence dans les yeux de ton enfant. Quand tu penses que ça pourrait dérailler en garde partagée. Quand tu sais que tu te voues corps et âme pour ta progéniture, mais c’est toi qui dois partir en logement. Tu dois te pardonner de réduire la qualité de vie et l’espace de ce diamant brut pour qui tu te ferais amputer deux membres en échange de la sauvegarde de son petit bonheur pur.
Je sais aussi que son entourage va s’en réjouir, pendant que je suis seule chez moi, en ce beau post-signage de bail tremblotant. Faut dorénavant venir à bout de voir ça comme une distraction qui gosse, comme une mouche qui te vole dans face. Même si la rage au ventre te pogne quand tu penses que ton fils pourrait en capter les échos.
« Seulement quelques mois après tous ces efforts pour acquérir ta maison », lui ont-ils dit.
Cette maison présentement, je la regarde, je la pleure. J’arrivais même difficilement à réaliser qu’on avait enfin eu accès à ça. J’ai manqué de rien, mais j’ai grandi dans un 16-plex. Je la voulais en crisse moi aussi cette maison-là.
Mais là, c’est signé. Faut que je dégonfle mes quenoeils au ice-pak avant d’aller chercher mon fils chez son ami. Faut que je passe porter mes chèques de loyer post-datés de cet argent qui sera dorénavant compté.
Mais ça va bien aller. J’ai confiance. Je vais revivre et surtout, mon fils va s’adapter. Il le faut…
Mais bout de crisse que j’ai shaké pendant que j’ai signé ce bail-là.
Laisser un commentaire