Je pense que je ne t’ai jamais dit merci. Et pourtant, tu m’as fait le plus beau des cadeaux. Tu m’as aidée à accepter que devenir mère ne m’obligeait pas à être parfaite.
Je garderai toujours en mémoire le souvenir adouci par le temps et la fatigue de ces premiers moments de ma maternité, comme un rêve brumeux. Parce que malgré les cours prénataux, les livres lus, les conversations avec les mères de mon entourage, rien ne m’avait réellement préparée à ce qui m’attendait lorsque, fébriles, nous avons quitté l’hôpital en famille après l’inspection en bonne et due forme de mon bébé ficelé dans sa coquille. Ce trajet en voiture, à rouler sous la limite permise, retenant mon souffle à chaque nid de poule. Ce questionnement, une fois de retour à la maison à trois, pour la première fois : on fait quoi maintenant? Ces inquiétudes à propos de mon corps endolori que je sentais appartenir à une autre. Cette douloureuse montée laiteuse, qui survenait après la sortie de l’hôpital, sans professionnelles pour m’épauler. Ces allers-retours afin de m’assurer que le petit inconnu qui dormait dans un moïse allait toujours bien. Cet amour trop grand pour habiter mon cœur ahuri. Ce sentiment de panique, la peur de ne pas savoir quoi faire.
Alors, je t’ai appelée au secours, et tu es venue. Avec un repas tout prêt. Avec des conseils tendres et de la compassion. Avec l’assurance de celle qui est passée par là il n’y a pas si longtemps. Au moment où je me sentais trop petite pour cette grande aventure, tu m’as permis de croire que je pouvais aller à mon rythme. Tu m’as fait confiance. J’ai pleuré devant toi, et j’en avais le droit. Sans tabous, on a parlé d’hormones, de seins, d’allaitement, de biberons, de tire-lait, de saignements et de points de sutures. Pour toi, ça ne représente peut-être pas grand-chose, un petit coup de pouce pour une amie dans le besoin. Mais c’était bien plus que ça, et je n’en ai pas pris conscience sur le coup. Tu m’as aidée à accepter que devenir mère n’est pas supposé se faire sans heurts. Les douleurs dont tu m’as parlé, les larmes que tu as versées avant moi, tes seins qui, comme les miens, t’ont fait vivre une panoplie de nouvelles sensations jusqu’alors insoupçonnées. J’ai ri de tes anecdotes gênantes, et je me suis sentie moins seule. J’ai ressenti un soulagement semblable à celui de l’adolescente qui réalise enfin que sa copine aussi a déjà eu ses règles.
Tu es repartie en me laissant cette certitude : j’étais normale, avec mes doutes, mes craintes et mes contradictions. Et c’est sur ces fondations solides que j’ai bâti ma maternité. Merci, mon amie!
Je souhaite que chaque nouvelle maman ait la chance de pouvoir compter sur une amie comme toi.
MAMAN NINJA |
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