Depuis que t’as eu le choc de la nouvelle, tu as remarqué des changements entre toi et ton homme. « Un enfant, ça change une vie! », qu’ils te disent tous. Ben, on va commencer par le fabriquer, hen? Avant même l’existence de ce futur triangle amoureux, avant même de pouvoir se déclarer une famille, y’a le making of. Car dans les coulisses de la pas trop merveilleuse maternité, aussi clémente fut-elle envers toi, il y a tes hormones. Ça, fille, c’est le dark side de toi-même. Ton démon-kamikaze sur ton épaule gauche. Si tu penses que tu l’as déjà entrevu pendant les phases de SPM de tes cycles, tu te mets le doigt dans l’oeil.
Ton chum n’aura jamais vu venir cette nouvelle version de toi-même auparavant si douce, si patiente, si ouverte à la négociation et au compromis pour un monde meilleur et pacifique. Ce que vous deux allez expérimenter, c’est le premier véritable test de solidité de votre couple. C’est là qu’il va réellement falloir mettre de l’eau dans son vin. En fait, tes hormones vont te rendre tellement irritable que ça va vous prendre tout un camion citerne pour le diluer ben comme faut, pis éviter des tsunamis.
Tu le sais, nous autres, les femmes, sommes expertes dans la création de tempêtes dans un verre d’eau : ce qui aurait pu prendre dix minutes à régler et mettre au rancart, prend, au lieu de ça, des proportions gigantesques et ridicules. On extrapole. On anticipe les éventuelles éventualités qui auraient peut-être pu arriver si… Bref, on a le bouton panique greffé sous la peau.
Et ça, c’est quand on est pas enceinte.
Ton chum a appris la nouvelle, lui aussi, mais il ne l’a pas vécu de la même façon. En général, les hommes vivent la parentalité en décalage du fait qu’ils ne portent pas le foetus durant neuf mois et ne subissent pas les manifestations physiques du corps qui viennent avec.
De son point de vue, tu lui as montré les deux lignes sur le test-pipi (preuve à l’appui : ça évite la phrase coup-de-poing « euh… t’es sûre? »), pis tu t’es transformée en monstre irritable qui grossit. De ton point de vue, tu as passé à travers toute la gamme arc-en-ciel d’émotions… et ce, même avant d’apprendre la nouvelle. En fait, les deux petites lignes du test-pipi ont répondu à ton interrogation de ces derniers jours: « Comment ça se fait que j’ai envie de tuer/étrangler/castrer/plaquer/éviscérer mon amoureux? » Certes, c’est un soulagement de pouvoir mettre ces préoccupations sur le dos des hormones, mais il reste que… tu n’es plus toi-même.
Voici une liste très courte de tes nouveaux irritants quotidiens pendant et après la grossesse :
– piger dans une boîte de mouchoirs vide;
– être prise dans le trafic alors que la faim apparaît soudainement;
– ton téléphone sonne à 21h15 alors que tu étais déjà au lit;
– y’a pu de lait dans le frigo;
– avoir envie d’un aliment et ne pas le voir apparaître magiquement devant tes yeux. Puis, une fois que tu l’as sous les yeux, tu n’en as plus envie.
Mais malgré tout ça, même si tes hormones t’ont fait nouvellement envisager la séparation parce que ta libido est maintenant à off et que ton chum est mystérieusement devenu insignifiant, tu le sais au fond de toi-même que c’est temporaire. Tu vas faire de ton mieux pour vivre avec tes nouvelles hormones et ton couple va devoir mettre tous les conflits sur la glace en attendant ta libération dans plus ou moins douze mois (post-partum inclus).
Alors, en attendant, sortez donc l’artillerie lourde : les fleurs, les câlins, les bisous, les compliments, les gestes d’amour gratuits, parce que c’est peut-être ça qui va aider à cimenter votre union ou prévenir le cataclysme. Et gravez donc ce dicton dans votre mémoire: « Après la pluie, le beau temps ».
Les éclaircies arrivent plus vite qu’on le pense.
MARIE LUNE |
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