1 fille sur 3. Peut-être que cette fille, c’est toi. Peut-être que cette fille, c’est ta sœur. Peut-être que cette fille, c’est ta mère. Peut-être que cette fille, c’est ton amie. Peut-être que cette fille, c’est ta collègue. Peut-être que cette fille, c’est ta fille.
1 fille sur 3 est agressée sexuellement au cours de sa vie. Tu as trois filles? Mes parents te comprendraient, nous sommes trois chez moi aussi. Dans mon cas, je suis, pour l’instant, dans les 2 sur 3 qui sont épargnées. Est-ce qu’une de mes sœurs a vécu une agression sexuelle et ne m’en a pas parlé? Peut-être. Possible. Difficile à dire. Bref, on s’entend pour dire que c’est une statistique hallucinante qui traduit un gros problème de société.
Comment faire, comme parents, pour essayer de prévenir? Sans avoir l’air d’un haut gradé de la police militaire, c’est important de savoir chez qui vont vos enfants, qu’ils soient petits ou grands. Rencontrer les parents des nouveaux amis quand ils sont invités à passer la nuit, c’est essentiel et c’est normal. Assurez-vous d’avoir confiance en vos gardiens et gardiennes, éducateurs et éducatrices, tuteurs, professeurs, moniteurs, entraîneurs. Ayez l’œil sans être trop envahissants. Questionnez sans faire un interrogatoire. Soyez ouverts aux confessions que vos enfants vous livreront et ne les jugez pas, ça vous permettra de les aiguiller sur les meilleures pistes de solution possibles pour éviter des situations désagréables.
Sensibilisez vos enfants aux comportements acceptables et à ceux qui ne devraient pas être permis. Expliquez-leur que des gens aux mauvaises intentions existent. Sans en faire une propagande de peur, il est important de ne pas laisser vos enfants dans l’ignorance. Tout comme l’éducation sexuelle devrait se faire à l’école comme à la maison, il est normal de discuter avec vos enfants de ce qu’un consentement est supposé être.
Expliquez à vos filles qu’elles puissent avoir été consentantes au départ, mais qu’elles peuvent changer d’idée et l’exprimer. Expliquez surtout ce concept à vos garçons pour qu’ils sachent quand ils doivent arrêter. Expliquez à vos filles que leurs vêtements ne disent pas «oui» à leur place. Expliquez surtout ce concept à vos garçons pour qu’ils comprennent qu’une jupe ou un décolleté n’est pas une invitation. Expliquez à vos filles que leurs pratiques sexuelles doivent être faites dans le respect de ce qu’elles veulent faire. Expliquez surtout ce concept à vos garçons pour qu’ils respectent les limites de leurs partenaires, sans vouloir les brusquer. Expliquez à vos filles ce qu’est une agression sexuelle et dites-leur qu’il est important de la dénoncer. Expliquez surtout ce concept à vos garçons et discutez des impacts qu’une agression sexuelle peut avoir sur une victime et son entourage.
Les filles ne marchent jamais avec toute l’assurance du monde lorsqu’elles retournent à leurs voitures dans un stationnement le soir. Nous aurons toujours un doute, une crainte, un petit chatouillement interne qui nous dit qu’il est possible que quelque chose nous arrive. Pas parce que nous sommes peureuses. Parce qu’on sait qu’on est plus vulnérables. Nous devons faire face à des collègues aux commentaires déplacés qui voient leurs mots comme des compliments maladroits. Nous devons faire face aux regards de prédateurs dans les bars. Nous devons faire face aux soirées arrosées où nos sourires sont interprétés comme une ouverture facile de nos jambes à quiconque veut bien s’y aventurer. Nous devons faire attention à nos consommations quand on sort et devons toujours assumer qu’un verre offert qui arrive de nulle part pourrait contenir une substance illicite. Partout où l’on va, on s’expose à devenir la statistique, la 1 sur 3.
Aux parents de jeunes filles; une fille avertie en vaut deux. Aux parents de jeunes garçons; un garçon averti sera peut-être un garçon plus réfléchi.
CATHERINE I. |
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