Un jour, t’étais à bout et tu n’en pouvais plus. Pas assez d’heures de sommeil, pas de calme, pas de patience. L’idée t’a traversé l’esprit. Pourquoi tu as décidé d’avoir des enfants ?
Pourquoi tu t’es embarquée dans cette vie de sacrifices, de nuits blanches, de morve et de maladies infantiles, de rendez-vous amoureux manqués et de repas froids ? Avoue que tu t’es pris la tête entre les deux mains en te disant que ta vie serait beaucoup plus facile sans enfants !
Prends deux minutes et retourne en arrière … Combien de fois t’es rentrée au travail avec les cernes en dessous des bras et le chandail taché de vomi…Tu sais le look qui fait fuir les clients plutôt que de faire bondir ta commission ? Ton beau petit kit de printemps acheté avec tes économies ruinées. Bébé a laissé sa marque avant que tu partes, il avait peur que tu t’ennuies.
Te souviens-tu du soir où ta meilleure amie t’appelle et te dit qu’elle a trouvé des billets pour Hawaï ? Une aubaine ! Le hic… t’as deux jours pour te r’virer de bord ! Le voyage d’une vie ! LE voyage à faire, un tout inclus ! Te souviens-tu de ta réponse ? « J’peux pas partir comme ça et laisser les enfants ! » Imagine si tu n’avais pas eu d’enfants… tu aurais vécu le voyage de ta vie !
Et ta fin de semaine en amoureux ? Elle était planifiée depuis longtemps ! Une belle fin de semaine dans une auberge. Profiter à deux du soleil et de la nature. Retrouver ton couple, redécouvrir ton amoureux ! C’est ce qui te tenait pendant ta semaine de travail qui n’en finissait plus. Tes bagages étaient faits, tu avais même une petite surprise pour ton homme… À 16h00, c’est le départ. Belle-maman s’était proposée pour aller chercher p’tit pou. 15h15, le téléphone a sonné à ton bureau… c’était la gardienne. Bébé avait vomi tout son dîner et il faisait 39 degrés de fièvre. Ta fin de semaine d’amoureux s’est transformée en fin de semaine de marde ! Si t’avais pas eu d’enfants, tu te serais envoyée en l’air toute la fin de semaine et tu serais revenue fraîche et dispose lundi matin au boulot.
Et sans parler de ce corps de déesse que jadis tu as vu dans le miroir. Tes seins fermes ont fondu comme neige au soleil. Tes petites fesses rebondies ont laissé la place à ta culotte de cheval, signe que tu as enfanté, et que ce magnifique poupon t’a élargi le bucket pour pouvoir sortir de là. Sans oublier ton ventre plat qui fait maintenant figure de carte routière. Tu peux pratiquement faire le trajet Toronto-Gaspé en passant par ton nombril. Neuf mois d’attente, de prise de poids pis de chevilles enflées pour finir charcutée d’un bout à l’autre avec en prime un beau petit coussin en beigne pour quelques semaines ! Fini les photos en maillot et la petite robe noire au décolleté plongeant. Si t’avais pas eu d’enfants, tu pourrais encore t’acheter des vêtements sexy au lieu de te prendre un legging et un chandail long trop grand pour toi en spécial dans un magasin à grande surface.
Il ne faut pas oublier le compte que tu as ouvert dans tes belles années. Tu voulais économiser pour avoir la maison moderne à aires ouvertes, immaculée de blanc. Tu rêvais d’avoir de belles causeuses blanches, des tapis blancs, des comptoirs blancs, une couette blanche… Ton rêve s’est vite changé en cauchemar lorsque ton aînée a pris ta magnifique demeure de style DécorMag comme toile vierge pour faire son premier chef-d’œuvre avec du jus de raisin sur le tapis de l’entrée. Ton petit dernier a renchéri en régurgitant son lait spécial sans protéine bovine sur tes belles causeuses… des taches qui ne partiront malheureusement pas, sauf si tu laisses aller le chien couvert de boue dans le salon… un coup parti… y’a rien là !
Quand tu vas faire l’épicerie et que tu cherches le stationnement idéal pour enfin pouvoir sortir de ta vanne. Quand ton goût de sushis et de saké de fin de journée se transforme en macaroni au fromage-grilled cheese-spaghetti-hot-dog parce que tu n’as pas un enfant qui aime manger la même affaire. Quand tes nuits de sommeil profond se transforment en aller-retour pour un verre d’eau, un pipi, un cauchemar, des couvertures tombées, un toutou manquant, une poussée de croissance, une poussée de fièvre.
Bref, si t’avais pas eu d’enfants, tu n’aurais probablement pas cette petite voix dans la tête qui te parle, ce petit démon qui te rappelle que tu dois prendre quelques secondes pour toi. T’es pas une mauvaise mère, même si des fois tu changerais de place l’espace d’une journée.
Parce que si tu n’avais pas d’enfants, tu ne pourrais pas autant profiter de chaque petite parcelle des rêves que tu as réussi à réaliser.
MÉLISSA BOULANGER |
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