J’ai décidé de ne plus t’en faire d’autres parce que tu es malade, ta morve s’écoule de tous tes interstices, et tu ne bronches pas. Tu toussotes à en plus finir et tu ne daignes trouver aucun remède. J’ai choisi de ne pas t’en faire d’autres parce que tu devrais être plâtrée et que tu marches quand même. Tes yeux sont percés et tu te proclames visionnaire, tes phalanges sont atrophiées et tu construis tout de même.
J’ai décidé, chère Humanité, de ne plus te faire d’enfants, car ils sont précieux, trop purs pour la puanteur que tu dégages. Je m’arrête là, car le rêve que tu proclames dans tes pubs chromées de voitures et de maisons parfaites est dépassé. Tu prétends vendre du bonheur et tu espères que nos enfants se prostitueront pour avoir entre leurs mains ton plastique brillant et factice. Je n’en veux plus d’enfants, parce que je ne veux pas qu’ils deviennent tes boulets à canon que tu expédieras au Moyen-Orient ou ailleurs pour sauver, soi-disant, le peuple qui en a besoin au nom d’une liberté que tu inventes et que tu mitrailles à bout portant.
Je ne te ferais pas ce plaisir, Humanité, d’enfanter entre tes bras arides et pauvres des enfants qui sont la lumière et l’espoir; je ne voudrais pas les éteindre et les refroidir.
Je n’en ferai pas d’autres, pour ne pas qu’ils soient les témoins d’une terre agonisante. Pour qu’ils ne voient jamais la planète ensevelie sous le pétrole que tu suces jusqu’à plus soif. Pour ne pas avoir à leur expliquer ce qui suinte de tous les pores de ta peau; la haine, la cupidité, la fourberie et la guerre.
Tu me trouves déprimante, chère Humanité? Et bien tu as raison, car je suis le produit de tes actions. Je suis le résultat de ton mépris et de ta hargne. Tu me trouves excessive? Tu as raison, car je suis le constat d’un échec d’amour et d’entraide. Tu me trouves injuste, Humanité? Et bien tu as tort, car ce que j’essaie de te dire c’est que j’ai été trop souvent déçue de toi. Je suis une enfant blessée par les gestes inconcevables et innommables que tu as commis. Je ne te hais pas complètement, mais je ne t’aime pas entièrement non plus.
Et je ne souhaite pas que mes enfants vivent un déchirement aussi profond
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