Ton avortement

Hey fille, c’est correct. T’avais pas le choix. Même si certains disent qu’on a toujours le choix, quand t’es pris dans ta tête, face à face avec tes émotions, ça se peut que t’aies pas le choix. Des fois, c’est médical. Des fois, c’est sentimental. Mais c’est jamais facile.

Hey, ma belle, c’est pas grave. C’est des choses qui arrivent. C’était pas prévu. C’est une surprise. Ou un accident. « T’as pas fait attention! »… c’est pas sûr. Un condom qui pète, une brosse, une pilule oubliée. T’as pas fait exprès.

Pis toi, qui me regardes avec des gros yeux et qui me juges, t’as pas idée de ce que j’ai traversé pour me retrouver là. Je suis trop jeune. Je suis malade. Je me suis fait violer. Je suis déjà mère…
PAF! Une claque su’la yeule.

L’avortement c’est jamais un choix facile à faire. C’est toujours un déchirement . Même quand l’enfant n’est pas voulu, que c’est une méchante surprise pis que c’était la dernière chose dont t’avais besoin dans ton chaos quotidien,  c’est une des décisions les plus rough que tu vas avoir à prendre de ta vie. Parce que tu le sais que c’est une petite vie. Parce que tu as peur de ce que le monde va penser. Parce que tu le sais, que tu n’oublieras jamais.

Au-delà des « comment t’as fait, j’aurai jamais été capable », des « es-tu sûre que c’est ce que tu voulais » et des « je comprendrai jamais ». Au-delà des regards compatissants de ceux qui t’aiment et te connaissent assez pour savoir que tu n’as pas fait ce choix-là avec ton coeur, mais celui qui s’imposait. Au-delà des critiques, des articles que tu liras, des statistiques, des opinions, de l’avis de ton doc et de ton conjoint, c’est toi, juste toi qui devras vivre avec à tous les jours. Et à ta façon.

Fille, oublie jamais. C’est correct. C’est pas grave. Je le sais moi, que si tu prends cette décision-là, c’est que t’as pas le choix pour vrai. Pis je te comprends.

LA COLLABORATRICE DANS L’OMBRE