J’avais ce fol espoir entre les mains, bien trop grand pour mes doigts qui tremblaient. J’avais soufflé dessus en espérant qu’il s’allume, s’anime et éclate de mille feux comme un feu de camp qu’on ranime. Or, mes tremblements l’ont éteint et refroidi. J’avais pensé te prendre à bout de bras, te regarder avec amour et me féliciter de ce que mes entrailles avaient créé. Sauf que tout ce que je suis arrivée à faire, c’est de chanceler et de me demander ce que j’avais fait.
Je t’avais dans le creux de ma vie, si frêle, et j’avais peur. J’avais rêvé de te voir grandir avec la paix au cœur et tout ce que j’arrivais à faire, mon bel amour, c’était des gestes mécaniques pour que toi, tu puisses grandir et aimer fort à ton tour. J’avais espéré m’engouffrer avec confiance dans ce rôle si grand, si important, qui je savais, façonnerait le reste de ma vie. Mais tout ce que j’arrivais à faire, c’était de trébucher et de me questionner sans relâche. J’avais souhaité revêtir le mot ‘’maman’’ comme on enfile un vêtement. La vérité, c’est que je suis restée coincée dans l’encolure et qu’elle s’est fissurée. Ma tête étant trop pleine de belles idées que je ne ressentais pas.
J’avais espéré savourer l’unicité de ma rencontre avec toi, mais tout ce que je goûtais, c’était la lourdeur des gestes du quotidien pour que tu puisses, toi, devenir un bel humain.
J’avais pensé aimer être une maman. La vérité, mon trésor, c’est que j’ai été déçue.
Mais il y a une seule et unique chose que j’avais désirée et que j’ai obtenue.Malgré mes doigts qui tremblaient, mes chutes à répétitions, mes mains qui tâtonnaient pour trouver une réponse; j’avais tout au creux de mon être un amour immense et grandiose pour toi.
J’étais prête à affronter tous les effondrements du monde et cet amour, je le savais, m’épargnerait des déceptions les plus amères.
KIM MORIN |
Laisser un commentaire