Demain, maman quittera la maison. Notre maison. La maison que nous avons choisie comme nid, que nous avons rénovée, aménagée, décorée. Celle qui vous a vus naître, grandir, accomplir vos premiers pas, vieillir. Celle qui est devenue votre ancrage, votre univers, votre repère.
Demain, vous aurez deux maisons. Je sais, cela représente un grand changement dans votre jeune vie. Je suis profondément désolée. Désolée de vous imposer cela. J’ai choisi de me choisir. Mais ne vous inquiétez pas, je vous choisis aussi. « Moi, je voulais que vous restiez amoureux. » Ces mots sortis de votre petite bouche d’enfant innocent. Ces mots qui m’ont fait si mal à cet instant.
Désormais, je m’installe dans mon nouveau chez-moi, parfois avec vous, parfois sans vous. Vos vêtements laissés au sol, témoins des matins pressés. Vos jouets silencieux dans la chambre, à côté de vos lits défaits et vides. Vides comme ma nouvelle demeure et le vide que je ressens dans mon cœur, à chaque fois que j’y pénètre. Comment s’habitue-t-on à cela ? J’ai été votre maman à temps plein pendant tant d’années, et voilà qu’un nouveau vocabulaire fait son apparition : « chez papa », « chez maman ».
Je pleure souvent seule le soir. J’entends vos pas se dirigeant vers mon lit, qui ne viendront pas. Vos rires dans le salon, qui ne retentiront pas. Votre absence est aussi lourde qu’une tonne de briques, mes amours. Votre maman est en reconstruction. La fondation est fissurée, mais de nouvelles pierres seront posées.
Je souhaite vous montrer l’exemple, pour que dans quelques années, vous puissiez dire : « on a le droit de se choisir ». Qu’il ne faut pas rester dans une relation qui ne nous convient plus, qu’on mérite davantage, qu’on mérite le meilleur.
Nous n’avons qu’une vie, et malgré tous les deuils que la séparation entraîne, nous avons le droit de nous offrir une chance d’être heureux.
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