maman avec nouveau-né

Depuis que je suis maman, je vis chaque émotion à l’extrême

Depuis que je suis maman, je vis la joie à l’extrême. Elle est si puissante, si envahissante dès l’instant où j’ai su qu’un petit être grandissait en moi. Mon cœur et mon corps se sont mis d’accord pour créer une personne parfaite, que j’aimerai sans condition. Cette joie est décuplée lorsqu’elle vient après de nombreux mois d’essais ou de déceptions. Mais peu importent les conditions, cette joie a tout chamboulé, elle a rebattu les cartes de mes priorités pour les mois et les années à venir.

Depuis que je suis maman, je vis la douleur à l’extrême. Si je pensais connaître la douleur avant d’accoucher, je peux désormais dire qu’elle était plus qu’en moi au moment de mettre au monde mon bébé ; j’étais la douleur elle-même. C’est puissant, c’est inexplicable à quiconque ne l’aurait pas vécu.

Depuis que je suis maman, je vis l’émerveillement à l’extrême. Ce petit visage, ces doigts qui enserrent les miens, ces yeux qui me cherchent, ce sourire qui se dessine sur ses lèvres. Ses premiers mouvements, ses premiers progrès… tout m’émerveille bien plus que tout ce qui m’a été donné de connaître jusqu’alors.

Depuis que je suis maman, je vis la fatigue à l’extrême. Elle se cache derrière les nuits sans sommeil, mais m’attend également au tournant d’une journée longue, pénible. Une journée qui me demande de la patience que je n’ai plus. Mon physique et mon mental fonctionnent par habitude, par automatisme, par instinct de survie pour moi et mes petits. Mais chaque geste me coûte beaucoup, chaque nouveau défi paraît insurmontable, chaque heure semble s’étirer et la journée semble ne jamais finir. Tout est éternel recommencement, et je me demande parfois combien de temps je pourrai tenir ainsi.

Depuis que je suis maman, je vis la force à l’extrême. Au-delà de tous les défis, j’apprends quotidiennement que j’ai des ressources inespérées. Lorsque je crois être arrivée au bout de ce que je peux donner de moi, je découvre alors que je peux aller plus loin. Car ma force, ce sont mes enfants. Ils me la donnent sans mesure, et font de moi un être capable de se dépasser à chaque instant.

Depuis que je suis maman, je vis la solitude à l’extrême. Avoir des enfants, c’est ne plus jamais être seule. Et pourtant, le sentiment de solitude le plus intense s’empare de moi quand je gère tout ce qui m’incombe en tant que maman. Parce que le père de mes enfants travaille, parce que mes parents ne peuvent pas toujours se libérer pour me sauver la mise, parce que les autres ont aussi leur vie. Je ne peux pas prévoir tous les moments durant lesquels j’aurais besoin qu’on prenne le relais, et, venu ce moment, je suis parfois seule parce qu’il ne peut en être autrement.

Depuis que je suis maman, je vis l’amour à l’extrême. Accoucher est certainement la seule occasion d’aimer quelqu’un que je ne connais pas encore. Parfois, cela demande un peu de temps. Parfois, ce n’est pas aussi inné qu’espéré. Mais un jour ou l’autre je me rends compte que j’aime quelqu’un plus que moi-même, que j’aime quelqu’un de toutes mes tripes, que je n’envisage plus ma vie sans eux. Cet amour inconditionnel me remplit si intensément qu’il me bouleverse, m’habite à chaque seconde, à chaque souffle.

Depuis que je suis maman, je vis la culpabilité à l’extrême. Insidieuse et sournoise, elle me guette derrière les choix que je fais. Allaitement ou biberon, co-dodo ou chambre séparée, reprise du travail ou congé parental prolongé… Chaque décision prise ne me concerne plus exclusivement, et est accompagnée de son lot de remises en question.

Depuis que je suis maman, je vis la plénitude à l’extrême. Malgré le besoin vital de prendre le large seule, malgré le fait que la maternité seule ne suffise pas à me définir, malgré le besoin de me réaliser dans d’autres lieux et avec d’autres personnes, je me sens entière seulement grâce à mes petits. Ils sont une partie de moi, et, ensemble, nous formons un tout. Leur présence à mes côtés me donne l’impression d’être à ma place, d’être là où je dois être. Il en est ainsi depuis qu’ils sont entrés dans ma vie.

Depuis que je suis maman, je vis l’impuissance à l’extrême. J’aimerais pouvoir protéger mes enfants de tous les maux, tous les chagrins bien que je sois consciente qu’il est indispensable qu’ils les vivent. Je sais qu’ils devront faire leurs expériences, se tromper, tomber, être déçus, recommencer. Parfois avec mon aide, parfois sans. Je sais que j’aurai mal pour eux. Je me sens impuissante face aux défis qui les attendent, face au monde dans lequel ils vont devoir grandir. J’ai l’impression que l’insouciance qu’ils ont ne sera qu’une parenthèse trop brève dans leur vie.

Crédit : ozgurcankaya/istock.com

Angélique

Depuis que je suis devenue maman, j’ai appris à conjuguer tous les verbes, à tous les temps. J’ai revu mes projets, rectifié mes «à priori ». Depuis 2020, l’amour et la culpabilité partagent mon quotidien. Le marathon des journées sans fin me pousse à écrire de temps à autre; une sorte de stretching pour tenir le coup sur la durée. Entre mon fils et mes élèves, je suis entourée d’enfants 14 heures par jour, 7 jours sur 7. Un bonheur qui me fait parfois perdre l’équilibre…

Plus d'articles

Post navigation

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *