Concevoir un enfant paraît facile pour de nombreuses personnes, mais pour toi, cela ne l’est pas. La vie ne t’a pas encore offert la chance qu’elle a accordée à tant d’autres, et je peux seulement tenter d’imaginer la douleur que tu ressens et les nombreux moments du quotidien qui te rappellent ce désir d’être maman, y compris ceux liés à ma propre famille.
Lorsque j’ai appris que j’étais enceinte, j’ai cherché la manière la plus délicate de te le faire savoir, en souhaitant ne pas te blesser. Tu as répondu avec un sourire joyeux et je sais que tu étais sincèrement heureuse pour moi. Cependant, si derrière ce sourire se cachaient des larmes parce que ma nouvelle éveillait en toi un désir pour l’instant inassouvi, j’en suis vraiment désolée.
Pendant ma grossesse, je me suis parfois sentie coupable de me plaindre de ma fatigue et de mes maux en ta présence. Si mes problèmes te semblaient insignifiants, sache que je le comprends tout à fait.
Ton passage à la maternité m’a remplie de joie, mais j’ai souvent réfléchi à ce que cela avait dû te coûter émotionnellement. Lorsque je t’ai proposé de tenir mon nouveau-né dans tes bras, je me suis demandé si tu en avais réellement envie. Si je t’ai blessée, je m’en excuse sincèrement.
Quand je parle des défis que je rencontre avec mon aîné, tu pourrais dire ou penser que je suis impatiente ou exigeante. Mais je sais que tu fais preuve de compassion et de compréhension avec lui comme envers moi. Les caprices de l’un, les pleurs de l’autre, les nuits interrompues et les tempêtes hormonales du post-partum doivent te sembler être des privilèges, même lorsque je les dépeins comme des épreuves.
À présent, sentant notre famille au complet, je partage avec toi mon choix de ne plus avoir d’enfant. Je réalise que pouvoir prendre une telle décision est un luxe. Pour toi, ce n’est pas une question de choix, mais une réalité imposée contre ta volonté.
Je t’avoue envier parfois ta flexibilité et tes soirées romantiques impromptues. Cependant, je sais que tu pourrais les voir non pas comme des avantages, mais comme des rappels constants de ce que la vie t’a refusé. J’espère que mes mots n’ont jamais ajouté à ta peine.
La vie peut être terriblement injuste. Je ne fais que deviner l’ampleur du sentiment d’injustice, de la tristesse et peut-être même du désespoir qui t’envahissent par moments. J’espère que tu connaîtras un jour ce rôle que tu convoites et que nous pourrons discuter ensemble de cette grande aventure qu’est la parentalité et, si ce n’est pas le cas, sache que je serai toujours à tes côtés.
À toi que j’aime et qui n’arrives pas à avoir d’enfant, je te présente mes excuses si mes propos t’ont heurtée ou blessée.
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