Ma chérie, je prends le temps de t’écrire ce soir, parce que la réalité me frappe de plein fouet : tu es la petite fille que je n’aurai jamais. Tes frères auraient adoré avoir une petite sœur, mais pour une raison qui m’est inconnue, je ne serai jamais maman d’une petite fille. Tu sais, jusqu’à présent, je ne le cachais à personne : je voulais uniquement des fils car je pensais que j’étais faite pour être la maman de garçons uniquement.
J’ai arboré fièrement, jour après jour, mon titre de « mom of boys » et je continue de le faire. Ne t’en fais pas, tes frères me comblent d’un bonheur infini, mais dernièrement, je ne cesse de m’imaginer ce que ma vie aurait été si une petite fille s’était jointe à notre grande famille.
Tes frères auraient été de féroces protecteurs, je n’en doute pas une seconde. Avec une fratrie comme la tienne, personne n’aurait osé te blesser. Mais je ne doute pas que tu aurais eu mon caractère et que tu ne t’en laisserais sûrement pas imposer de toute façon.
Tu aurais probablement la gentillesse de ton père, à toujours donner sans hésiter aux personnes ayant besoin de toi et ce, en t’oubliant bien trop souvent.
J’aimerais te dire que je t’aurais appris à parler pour toi-même, à ne pas avoir peur de mettre ton pied à terre et à dire ouvertement ce qui te dérange. Je t’aurais constamment complimentée sur tes forces, et non uniquement sur ta beauté, parce qu’il aurait été important pour moi que tu saches que tu vaux tellement plus que ton enveloppe corporelle.
Je n’aurais pas été parfaite et j’aurais probablement été très stricte, mais pas parce que je ne t’aurais pas aimée, bien au contraire. Simplement parce que peu importe à quel point j’aurais voulu te protéger de toute la laideur du monde, je n’aurais pas pu.
Je ne peux m’empêcher de penser à la relation que nous aurions eue. Peut-être aurions-nous été incroyablement complices. Ou peut-être aurions-nous eu une relation explosive. Je n’en sais rien. Puis jusqu’à tout récemment, ça m’allait bien de ne pas savoir. Mais dernièrement, j’ai un peu le coeur qui se serre à l’idée que je ne le saurai jamais.
Ma chérie, tu es la petite fille que je n’aurai jamais et peut-être est-ce mieux ainsi.
Mais sache que même si je ne t’aurai jamais, je t’aimerai toujours d’un amour infini.
Votre lettre est très émouvante et me rappelle une période que j’ai traversé mais à l’inverse, j’ai 2 filles magnifiques mais il me manquait ce petit garçon que j’espérais depuis que j’étais en âge de penser à avoir des enfants un jour. Puis en juillet 2022, il est né et depuis je sais… Je vous comprends et suis de tout cœur avec vous.