Tes petits pas te mènent dans la cour des grands

Mon trésor,

Tu en es déjà là. Tes petits pas te mènent dans la cour des grands. Tu te tiens dans l’entrebâillement de la porte, à la frontière de deux mondes complètement divergents. Un saut de plus et te voilà. Déjà. Tes années de petite enfance sont derrière nous. Ces années de candeur s’éloignent, se métamorphosent en quelque chose de différent.

Les petits pas instables et curieux qui jadis te conduisaient vers ta première découverte des fleurs du jardin sont maintenant des pas bien décidés. Des enjambées qui te mèneront bientôt dans la cour des grands. Tu entreras bientôt à l’école, cette jungle excitante et effrayante à la fois.

Tu te trouves à l’entrée de la cour d’école, là où je sais que tu laisseras des traces bien définies. Les tiennes. Là où tu découvriras des facettes de toi encore étrangères jusqu’à présent.

Ta petite enfance est chose du passé, des souvenirs indélébiles dans ma mémoire et, je l’espère, dans la tienne aussi. Je n’ai pu retenir le temps. Je n’ai pu atténuer d’une quelconque façon le flux des grains du sablier des dernières années.

Ma petite personne grandit, mon bébé est devenu grand. La nostalgie m’habite, mais elle coexiste avec cette indéniable fierté de maman de te voir grandir et évoluer en force et en beauté intérieure.

La rapidité avec laquelle le temps voyage me rappelle que probablement demain, tu seras déjà à l’adolescence avec toutes ses complexités, mais je n’ose pas trop y penser. J’aimerais attraper à la volée ne serait-ce que quelques minutes par jour pour pouvoir collectionner et revisiter ces moments d’avant, pour ne rien oublier, ne rien égarer dans ma mémoire faillible avec le temps.

Tu te précipites vers une nouvelle étape de ta jeune vie, où tu perfectionneras tes acquis, développeras de nouvelles capacités et découvriras d’autres aspects de ta personnalité. Tu créeras de nouveaux liens et, je l’espère, certains resteront longtemps ancrés en toi, devenant des souvenirs heureux ou des amis pour la vie.

Hier, tu apprenais à marcher et aujourd’hui, les kilomètres parcourus te guident à l’orée de la cour de récréation. Te voir anticiper positivement cette transition me rassure en tant que maman. C’est magnifique de te voir te transformer. Tes petits pas vont trop vite pour moi, mais j’ai tout de même hâte de voir vers quelles aventures ils te conduiront. Tes infimes foulées, entreprises une à la fois, te mèneront bien plus loin que tu ne le crois. Mais… prends ton temps. Ralentis le pas.