À toi, ma tendre moitié, mon partenaire de vie, parent de mes enfants, qui ne comprends pas pourquoi je mets autant de temps à me déplacer du point A au point B dans la maison,
J’aimerais bien pouvoir me déplacer dans la maison sans détours tous les jours que la vie m’apporte, mais c’est impossible pour moi de ne pas faire 492 détours et arrêts en tant que maman. Je sais que parfois tu peines à comprendre pourquoi je prends vingt ou même trente minutes pour parcourir quelques infimes mètres, mais je n’y peux rien.
Quand tu te lèves et que tu n’as que l’idée de prendre ton premier café en tête, tu sors du lit et tu vas te faire couler un café. De mon côté, malgré le fait que j’ai mis mon cadran une heure avant le lever de la marmaille, à sept heures, je ne suis toujours pas arrivée à en boire une goutte.
En me levant, je suis passée vite fait à la salle de bain et j’en ai profité pour ramasser les vêtements camouflés derrière le panier à linge sale que je n’avais pas vus la veille. Sur la pointe des pieds, j’ai rempli les boîtes à lunch, rangé les vestiges de la collation consommée par je ne sais qui pendant la nuit et fait un inventaire rapide des ressources disponibles pour le petit-déjeuner. J’ai signé le devoir de la plus jeune et autographié l’autorisation pour la sortie de la pré-ado. J’ai pris un cinq minutes pour relaxer en me nettoyant le visage – mon seul luxe de la journée. Puis, je me suis habillée pour te retrouver sirotant ton café et te demander si tu avais passé une bonne nuit de sommeil.
Lorsque tu m’accompagnes lors d’une sortie familiale, tu es le premier à boucler ta ceinture dans la voiture. De mon côté, malgré le fait que j’ai débuté les bagages, les multiples rappels aux enfants et la confection des bagages près de trente minutes plus tôt, je n’y suis toujours pas arrivée.
J’ai vérifié le contenu des sacs pour la cinquante-troisième fois, barré toutes les portes, éteint les lumières et fait le tour des victuailles des animaux que nous laissons à la maison. In extremis, j’ai rebroussé chemin une dernière fois pour attraper deux ou trois collations supplémentaires ainsi que mon téléphone cellulaire.
Quand tu dis que tu vas dormir, tu vas dormir. Certes, tu passes à la salle de bain une dernière fois un gros cinq minutes en prenant ton temps, mais tu te blottis tranquille sous les couvertures pendant le temps qu’il me faut pour simplement entamer la liste mentale des choses qu’il me presse de vérifier avant d’aller au lit.
Est-ce que la cuisine est bien rangée? Les vêtements des plus jeunes préparés pour la journée du lendemain? Et les boîtes à lunch? Est-ce que les Ice Packs y sont toujours? Y a-t-il une thématique spéciale à la garderie à laquelle je n’aurais pas pensé? Une brassée oubliée dans la laveuse? Le lave-vaisselle à vider? Lorsque j’ai fait le tour plusieurs fois et trouvé les réponses à la plupart de ces questions existentielles, et après une dernière tournée des chambres des enfants pour un dernier bisou et le remaniement de leurs couvertures, tu ronfles depuis un bon moment déjà.
Le jour où j’ai accouché du premier, j’ai aussi hérité d’une charge mentale que je n’avais pas avant. Elle peut être vue comme un défaut, un problème, une perpétuelle frustration ou même une invention aux yeux de certains, mais elle fait bel et bien partie de ma réalité et je réalise aujourd’hui que je ne peux plus y arriver seule et que j’ai besoin de ton aide.
Je sais que je ne te l’ai jamais dit clairement, mais je le fais maintenant, parce que marcher du point A au point B, en faisant 492 détours, plusieurs fois par jour serait franchement plus agréable et moins fatiguant à deux.
Qu’en penses-tu ?
Bonne chance ! Quand j’en suis arrivée à la même conclusion que vous, mon ex-partenaire n’a jamais voulu voir/entendre cette fameuse charge mentale qui ne me laissait aucun répit… et nous avons fini par nous séparer.
J’espère que votre moitié sera plus réceptive.
Les pères ne sont pas sensés “aider” les mères, ils sont autant parents que les mères et doivent remplir leur juste rôle.