Depuis ta naissance et au fil de toutes les nuits blanches passées à te bercer à l’infini, marquée par mes cernes et la fatigue extrême, je t’ai promis de toujours te protéger et surtout, de ne jamais t’échapper.
Aux premières loges de toutes tes premières fois, de tes premiers sourires, de tes premier pas, de tes premiers dessins, de tes premières années à l’école, de tes premiers conflits avec tes petits amis, de tes premiers ressentis inconfortables dans ton monde de pouliches et d’arcs-en-ciel, de tes premiers papillons dans le bedon, ceux qui n’avaient pas encore de nom, j’étais là. Souriante et témoin du plus beau chef-d’œuvre de ma vie signé par la petite humaine en devenir que tu étais, je portais fièrement ma cape de super-maman sur mes épaules droites et confiantes, sans encore me demander ce que j’aurais pu faire de mieux. J’étais ton héroïne.
Aujourd’hui et depuis trop longtemps déjà pour mon cœur de maman, l’adolescence t’a frappée de son plein fouet d’émotions contradictoires, de choix, d’incompréhension de ton petit toi, si frêle et innocent jadis. Au gré de tes nouvelles expériences de plus en plus ardues, et dont le goût doux-amer ne m’est pas si lointain, j’ai le sentiment et la désillusion de t’échapper. Cette adolescence que j’ai si longtemps niée, savourant mon rôle de protectrice dans l’infini de tous les moments, a ravi une grande partie de mon importance auprès de toi.
Depuis ta tendre enfance, j’ai dessiné des mondes imaginaires à tes côtés et tu as toujours su me tenir par la main avec confiance aveugle envers moi qui t’a toujours été innée, bravant cauchemars, crises, incompréhensions, couverte par mon cœur protecteur de maman, à l’abri de toutes les intempéries. Même les pires orages, aussi grandioses ont-ils été, sur la galerie, ne te faisaient pas craindre le pire. Tu te souviens?
Aujourd’hui, sous l’emprise de ce passage obligé, je sens que je t’échappe. Je reste une maman mais pour des raisons différentes, pour celles que je redoutais. Redécorer ta chambre, faire tes lunchs, ton lavage, espérer un câlin, une confidence, espérer cette bulle de verre qui te protégera comme j’ai si bien su le faire quand ton innocence me tenait par la main. Mais au lendemain de chaque matin, je n’ai plus la même signification que celle que j’avais lorsque tu ouvrais les yeux après un mauvais rêve.
Aujourd’hui, tu ne me confies plus tes secrets autant qu’avant avec un nouvel amoureux qui prend si bien soin de toi, des amies dignes de ce nom à qui tu attribues toute cette confiance qui a longtemps été ma meilleure amie. Tu n’es toutefois pas à l’abri de ce demain qui viendra trop vite et dans lequel tu devras bâtir ton futur encore incertain et plein de lendemains meublés de responsabilités et d’insécurités dans cette vie qui vacille souvent contre notre gré mais qui a encore tant à offrir.
Tenaillée entre toutes ces dualités qui sévissent en toi, je sais que tu as besoin de parler. Mais plus à moi. Maintenant témoin de tous ces secrets que tu gardes en toi, j’attends et j’attendrai encore et toujours ce câlin et cette confiance qui me donneront l’impression de ne pas t’avoir échappée tout en sachant que tu me sais présente pour toi, tes sourires en coin trahissant parfois ta nouvelle indépendance.
Mais une chose est certaine, je t’aime encore plus que de le souvenir de la lune au petit matin et je ne cesserai d’espérer que tu me reviennes de la meilleure des façons. Celle qui te conviendra et nous permettra de poursuivre notre relation d’amour en l’adaptatant au temps qui passe et qui ne reviendra pas.
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