fillette qui pleure dans les bras de sa mère

Je suis la maman d’un enfant différent et voici ce que j’aimerais te dire

fillette qui pleure dans les bras de sa mère

Je suis la maman d’un enfant différent et j’aimerais te dire que je suis désolée. J’aimerais pouvoir te conforter dans tes propres préjugés et te dire que chez moi mon garçon n’a pas d’encadrement, qu’il consomme des vidéos violentes et qu’il grandit dans un milieu dépourvu d’amour et de tendresse. Mais malheureusement pour toi et heureusement pour lui, ce n’est pas le cas. Chez moi, la violence n’a pas sa place et mon garçon reçoit tout le nécessaire physique et émotionnel, de l’attention, du temps, de l’écoute et de l’engagement. Il n’est en aucun cas laissé à lui-même et la seule violence qu’il a pu subir jusqu’ici est de m’avoir entendu lever la voix à quelques reprises.

Je suis la maman d’un enfant différent et j’aimerais te dire que je suis désolée. J’aimerais que ton enfant n’ait jamais eu à subir le comportement du mien, tout comme en retour le mien n’ait jamais à subir ton jugement. Je comprends ton ressentiment et ton mépris; moi non plus, je ne veux pas que des gens, petits ou grands, s’en prennent à mes enfants. Mais si je réussis à me mettre à ta place, j’aimerais aussi que tu réussisses à te mettre à la mienne. Que tu saches que lorsque l’école appelle, mon cœur se tord et que les larmes montent. Que je sais très bien que je devrai faire face à ton regard méprisant et qu’au final, je n’y peux pas grand-chose. Que malgré les gestes de réparation de mon enfant, il ne comprend pas encore tout le mal qu’il fait autour de lui. Qu’une odeur, un bruit ou un geste anodin suffise à le contrarier, à le déstabiliser, à l’agresser et qu’au final, il explose.

Je suis la maman d’un enfant différent et j’aimerais te dire que je suis désolée. J’aimerais que mon enfant se développe au même rythme que le tien et que la gestion de ses émotions soit aussi simple que celle de tes enfants. Mais hélas, ce n’est pas le cas. J’aurais aimé qu’il ait commencé à parler en même temps que ses petits camarades de classe et qu’il soit en mesure de verbaliser ses émotions comme eux. Je sais que c’est difficile à comprendre, mais il n’en est pas capable. Il n’a ni les habiletés émotionnelles, ni la maturité, ni la capacité de le faire et les écarts qui le séparent des autres élèves qui partagent son temps à l’école ne font qu’accentuer ses frustrations, ses difficultés et son propre mépris de lui-même. Crois-moi, il aimerait tellement avoir des amis lui aussi. Mais c’est difficile d’y parvenir alors qu’on ne cesse de lui dire qu’il est méchant, mesquin, violent, agressif et que c’est lui le problème plutôt que d’essayer de le comprendre.

Je suis la maman d’un enfant différent et j’aimerais te dire que je suis désolée. J’aimerais que mon enfant n’ait pas tous ces problèmes. Qu’il soit normal et grandisse en douceur tout comme les tiens. Il a fallu plusieurs années pour qu’on nous écoute, qu’il soit pris en charge, que des moyens soient mis en place et qu’enfin, nous puissions débuter avec lui un véritable travail qui nécessite temps, amour, empathie et compassion. Je sais que je ne peux t’en demander autant, ce n’est pas ton enfant.

Mais si seulement, plutôt que de juger et de transmettre tes propres jugements à ta progéniture, tu pouvais faire preuve d’un peu plus d’ouverture d’esprit pour comprendre ses différences et la transmettre à tes enfants. Leur apprendre que la violence n’est en aucun cas acceptable, mais que tous et toutes ne se développent pas au même rythme et que certains ont besoin d’un gros coup de pouce et de beaucoup d’amour.

Car c’est seulement dans l’éducation et la compréhension que l’inclusion des enfants différents peut se faire.

Crédit : Valery Zotev/Shutterstock.com

Maman Marginale

Éternelle adolescente et marginale dans l’âme, je ne fais rien comme les autres et je me plais à avancer dans la vie à contre-courant, en déconstruisant le mythe de la maman modèle. Passionnée de musique lourde et bruyante, des arts de la rue et de la scène, de littérature politique et philosophique, j’ai terminé de fonder ma famille sur le pas de la quarantaine. Maman monoparentale de trois enfants dont deux qui sont autistes, mes enfants m’ont appris que pour élever des enfants différents, il faut faire les choses différemment. Et c’est tant mieux pour eux, la différence, c’est mon domaine.

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1 Comment

  • Wow merci ton texte m’a vraiment fait du bien
    Nous avons vécu une année ( 1ere année) haute en émotion…. nous avons du nous adapter en tant que parents nous avons appris à mieux gérer en attendant d’avoir accès à des services surmonter les listes d’attente. Et pendant ce temps c’est notre petit d’homme de 7 ans qui ecoppe un manque flagrant de service à l’école et qui se fait étiqueté :/
    Il a été expulsé de l’école 2 semaines avant la fin de l’année. Mais avec le recul je suis capable de voir le positif dans tout ça 🙂

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