Ce soir, je t’ai vu dans un état qui m’a brisé le cœur. Je le sentais venir depuis quelque temps. Je voyais bien dans ton attitude que quelque chose n’allait pas, même si tu ne voulais pas en parler. Toi qui, enfant, n’arrêtais pas de parler et riais sans arrêt, tu as franchi le cap de l’adolescence avec des regards fuyants, répondant à mes questions par des monosyllabes. J’ai vu les étincelles s’éteindre peu à peu dans ton regard. Tu t’es mis à chercher à disparaître en portant des vêtements amples à capuche, en rasant les murs, en baissant la tête. Et ce soir, quand je t’ai vu filer dans ta chambre en courant et que je t’ai entendu sangloter, j’ai su que tu n’en pouvais plus.
Depuis ta naissance, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour t’éviter d’avoir mal. J’ai donné des bisous magiques sur tes bleus, j’ai posé des pansements colorés sur tes égratignures, j’ai chassé les monstres sous ton lit à grands coups de balai imaginaire. Et même si mon cœur souffrait en même temps que le tien lors de ces petites et grandes peines, je savais que toi comme moi allions vite nous remettre de ces mauvais moments.
Mais maintenant que tu es adolescent, les monstres qui viennent te hanter ont pris une autre forme. Ce sont les autres ados qui se moquent de tes aptitudes sportives et de ton style vestimentaire. Ce sont tes anciens amis qui te délaissent pour intégrer un groupe qu’ils considèrent plus cool que le vôtre.
Ces monstres-là ne partiront pas en allumant la lumière ni en récitant une formule magique et maintenant, au lieu de donner des coups de balai dans les airs, je rencontre les intervenants psychosociaux, je discute avec des gens de ton école et je consulte des spécialistes. J’essaie de tirer parti des outils qui m’aideront à t’aider, mais je reste douloureusement consciente que ces épreuves sont les tiennes. Si je le pouvais, je prendrais ces souffrances qui t’affligent pour les vivre à ta place sans la moindre hésitation. Mais je ne peux pas.
À défaut de pouvoir te retirer ce fardeau, j’aimerais que tu saches que je ferai tout pour tenter de rallumer les étincelles dans tes yeux, voir tes épaules se redresser et ton sourire revenir. Je sais que tu vois tout en noir en ce moment, que tu penses que c’est la fin du monde et ça l’est en quelque sorte. Mais crois-moi, la vie est belle, le monde est grand et tu as tout ce qu’il faut pour le rendre meilleur.
Accroche-toi mon amour et surtout, ne te laisse jamais définir par ce que les autres disent de toi. Tu es magnifique, tu es splendide, tu es unique. Je te le rappellerai autant de fois qu’il le faut et surtout, je ferai tout pour que tu n’oublies jamais que ma porte, mon cœur et mes bras te seront toujours grand ouverts, peu importe ton âge et ce que tu vis. On ira à ton rythme, quand tu en sentiras le besoin. Je t’aime et je suis là.
« C’est juste une passe, faut pas perdre patience / J’te jure fais-moi confiance, on va s’en sortir ensemble ».
– Vincent Vallières
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