Je suis une maman handicapée

Je suis une maman handicapée.

Avant de tomber enceinte, je ne savais pas si je serais capable de jouer mon rôle de maman comme il se doit. J’étais assaillie de doutes. De peurs. Puis je me suis mise à la place d’une maman en bonne santé qui elle aussi passe par cette période de doutes, de peurs inévitables et je me suis dit et puis ? Pourquoi ne serais-je pas capable d’élever mon bébé ? On ne va pas se voiler la face, je n’ai pas eu un accouchement ordinaire. Mais tant que tout le monde allait bien, le reste m’importait peu.

Je suis une maman handicapée.

En famille, nous nous sommes adaptés. Nous avons organisé notre routine à mon rythme et mes moyens et notre bébé s’est habitué très rapidement.

Je n’étais pas en mesure de donner les bains de mon bébé seule. Alors, papa ou mamie était présent pour m’aider ou prendre le relais si c’était trop difficile et nous avons espacé la fréquence à un bain tous les trois jours.

Je n’était pas en mesure de préparer les biberons. Alors papa s’en est chargé et lorsqu’il ne pouvait pas le faire, il laissait à portée de main un chauffe-biberon, des doseurs de lait et l’eau dont j’aurais besoin. J’ai mis un peu de temps à trouver la position dans laquelle j’étais à l’aise pour nourrir mon petit, mais quelques coussins ont suffi à me permettre de pouvoir vivre ces moments privilégiés à ses côtés.

Je n’étais pas en mesure de dormir avec toi. Alors papa descendait certaines nuit le berceau de cododo pour le fixer à mon lit  médicalisé pour que je puisse quand même vivre ces moments d’amour et de tendresse qui filent si vite.

Je n’étais pas en mesure de me mettre à genoux lorsque mon bébé a commencé à marcher et j’ai vraiment eu un coup de blues. Mais je me suis adaptée en m’asseyant sur le bord du canapé ou sur une chaise. C’est vrai, ce n’était pas pareil, mais c’était toujours mieux que de passer à côté de ses premières fois si chères à mon cœur.

Je n’étais pas en mesure de m’asseoir par terre pour jouer au ballon, aux voitures ou faire des constructions, mais avec beaucoup de travail j’y suis arrivée.

Je suis une maman handicapée.

Aujourd’hui, je ne suis pas en mesure d’emmener mon enfant en randonnée. Certains jours, nous ne sortons même pas, dépendant de mes douleurs, et quand nous sortons, nous marchons pendant un court moment en nous déplaçant à la vitesse de la tortue. Mais nous profitons à deux. Nous prenons le temps, nous faisons quelques pauses et c’est ce qui rend ces balades possibles.

Je ne suis pas cette maman qui pourra faire du patin à glace, un match de foot ou de l’escalade avec son enfant. Mais je serai présente pour l’encourager dans chacune de ses activités. Je serai toujours sa première fan.

Le handicap m’a permis de découvrir des passions que j’ignorais et que je partage aujourd’hui fièrement avec mon enfant. Je suis devenue une maman qui invente des jeux de canapé. Une conteuse de livres hors pair. Une artiste-peintre. Une chanteuse. Une maman comme toutes les autres qui écoute un film sous un plaid avec son petit quand elle n’a plus la force.

J’ai toujours pensé que le plus important était d’offrir le meilleur de soi-même à ses enfants. Peu importe les différences qui nous habitent. Et tous les jours, comme tous les autres parents, je m’efforce d’accomplir cette mission, heureuse de m’épanouir dans mon rôle de maman d’une façon différente. Heureuse d’être la mère que je suis.

Je suis une maman handicapée et être différente est certes un frein en tant que parent, mais pas une honte. Car en y regardant de plus près, nous sommes tous différents.. et c’est ce qui nous rend unique.

80% des handicaps sont invisibles. Quotidiennement vous passez à côté de wonderparents sans vous en apercevoir.