À mon trésor qui n’aura pas la chance de fêter l’agrandissement de la famille,
À mon enfant qui a perdu son petit frère ou sa petite soeur à naître dans quelques mois,
Tu as vécu un grand moment d’émotions quand nous t’avons annoncé que tu allais devenir grand frère. Partagé entre l’impatience, la peur, la fierté et l’amour, beaucoup de choses se sont rapidement passées dans ta tête, mais nous avons réussi à trouver les mots pour que tu continues de te sentir à ta place.
Tout au long de ma grossesse, tu as été aux premières loges pour admirer les échographies et poser ta petite tête sur mon ventre qui commençait à s’arrondir doucement. Je portais la vie. Un petit cœur battait en moi.
Puis est venu ce jour où, quand nous sommes rentrés à la maison après un rendez-vous de suivi, tu as lu sur nos visages des émotions que tu connaissais à peine et qui n’étaient pas dans nos habitudes. Bien malgré toi, tu as ressenti notre tristesse, notre colère et notre incompréhension.
Nous t’avons expliqué avec nos mots et avec notre voix remplie de sanglots que c’était fini. Que le petit coeur du bébé dans le ventre de maman avait cessé de battre et qu’il était parti briller très fort dans le ciel. À cet instant, ça a été très difficile pour toi de comprendre que tu ne connaîtrais jamais vraiment ta petite sœur ou ton petit frère.
Depuis, tu nous vois triste et ça te rend triste à ton tour car tu te sens impuissant. Toi, tu aimes la vie, tu aimes rire, sourire. Mais en ce moment à la maison, c’est tout gris.
Le soleil a arrêté de briller dans nos cœurs et il nous faut du temps pour encaisser le choc mais dans l’attente, tu souffres. Tu te retrouves face à la mort sans même savoir ce que c’est et ça te fait peur. Tu te sens un peu mis de côté, perdu, abandonné. Tu en arrives parfois à te demander si tu es responsable de notre état car rien n’est plus comme avant. Mais rien n’est de ta faute. Tu ne dois pas porter tout ce poids sur tes petites épaules.
Tu subis tout autant que nous, mais peu de gens se soucient de toi. Nous, parents, passons en priorité car aux yeux du monde qui nous entoure, tu n’es que le grand frère, l’enfant qui ne comprend pas trop ce qui se passe. Malheureusement, ils se trompent car tu souffres et tu as besoin d’autant d’attention, de bienveillance et d’amour que ton papa et moi en avons besoin. Et nous, en ce moment, peinons à trouver les mots et t’offrir la tendresse dont tu as besoin.
Je sais, au fond de moi, que jamais tu ne pourras oublier ce petit bébé que tu n’as connu que quelques mois dans mon ventre, mais que tu affectionnais déjà tellement.. et c’est normal, car il fera à jamais partie de toi. De ton histoire. D’ailleurs, personne ne pourra l’oublier et n’hésite jamais à en parler si tu en ressens le besoin; ce ne sera jamais un sujet tabou. Jamais.
Au fil des jours et des semaines à venir, je te promets que nous recommencerons à sourire, à rire, à sortir, à faire la fête, à profiter de la vie. La vie reprendra doucement son cours, c’est promis.
Et quand nous nous sentirons tristes ou très joyeux, nous penserons à notre étoile. Cette étoile qui sera toujours là pour tous nous guider.
À Émilie, ma petite sœur que je n’ai connue que 9 mois qu’à travers le ventre de ma mère et à Anaé, ma nièce que j’aurais tant aimé chérir.
Laisser un commentaire