Maman, tellement de pensées me traversent l’esprit quand je te regarde maintenant que je suis mère. Je me pose tant de questions et je t’admire plus que je ne l’ai jamais fait.
Maman, cette peur qui nous submerge dès qu’un petit être devient notre responsabilité, notre monde entier, est-ce que tu l’as encore ? Est-ce qu’elle s’atténue avec le temps? Est-ce que tu crains toujours qu’il m’arrive un malheur bien que je sois grande maintenant ? Est-ce ta peur a diminué quand je suis partie de la maison ? Ou au contraire, a-t-elle empiré ?
Maman, me vois-tu toujours comme une enfant ? Derrière mes traits d’adulte, arrives-tu encore à voir la petite fille que tu as autrefois bercée, cajolée et aimée ? Est-ce que tu vois encore en moi, la fillette qui a fait de toi une maman ? As-tu des flashback d’elle parfois, de nos moments ensemble?
Maman, quand tu regardes ma fille, ta petite-fille, est-ce que tu me vois en elle ? Ses traits très similaires aux miens te rendent-ils nostalgique ? As-tu parfois envie que je blottisse ma tête sur ta cuisse pour que tu puisses caresser mes cheveux comme avant ? Parfois, aimerais-tu te blottir contre moi la nuit avant de t’endormir ?
Maman, as-tu des regrets face à la façon dont tu m’as élevée et la relation que nous avons aujourd’hui ? Ferais-tu certaines choses différemment si tu le pouvais? Aimerais-tu que l’on soit plus proches, que l’on fasse plus d’activités ensemble ? Trouves-tu que je te néglige parfois quand, dans le chaos du quotidien, j’oublie de t’appeler ou te visiter ? Quand je pense à la relation que j’aurai avec mes enfants lorsqu’ils seront grands, je redoute qu’ils se distancient de moi plus que je ne le voudrais.
Maman, as-tu peur de la mort? As-tu peur de quitter tes enfants? Parce que moi, j’ai si peur du jour où tu me laisseras et encore plus du moment où je devrai laisser mes petits à mon tour.
Depuis que je suis mère, je te regarde différemment maman.
Je comprends et j’apprécie davantage tout ce que tu as fait pour moi car je vis les mêmes dilemmes, je me pose les mêmes questions et je fais les mêmes sacrifices à mon tour. Je te regarde et je me dis que si tu m’aimes aussi fort que j’aime mes enfants, cela te fait peut-être parfois mal toi aussi. Car maman, moi, j’ai si mal d’aimer autant.
Depuis que je suis mère, je te regarde différemment maman.
Je comprends maintenant comment être mère est à la fois le travail le plus beau et le plus gratifiant, mais aussi le plus difficile qui soit.
Je t’aime, Maman. Et même si j’aimerais te dire que je t’aime autant que tu m’aimes, je m’en garderai car je sais que l’amour d’une mère pour son enfant est irrévocablement le sentiment le plus puissant qui existe.
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