Jeune adulte, ils étaient tes alliés pour séduire du premier regard. Ton décolleté a toujours eu beaucoup de classe. Jamais choquant, toujours élégant. Des seins dans toute leur féminité et dans toute leur beauté. Tu t’achetais des sous-vêtements à des prix fous pour les mettre en valeur. Malgré qu’ils n’ont pas toujours été coopératifs quand est venu le temps de nourrir ton bébé qui venait de naître, ils ont quand même réussi à le calmer plus d’une fois. Et chacun de tes enfants a trouvé un endroit réconfortant, endormi au creux de tes bras, appuyé sur ton buste.
Aujourd’hui, ce sont ces seins qui menacent ta vie. Ces seins, qui t’ont pourtant bien servie, sont devenus tes ennemis. Des cellules dont on aurait préféré ne jamais entendre parler se sont logées hypocritement dans ta poitrine, mettant en péril tes rêves et ton avenir.
Tu as beaucoup pleuré depuis l’annonce parce que tu as peur que ta vie se termine prématurément, mais surtout parce que tu as peur de faire souffrir tes proches. Tu as toujours eu cette mauvaise manie de t’inquiéter pour les autres avant de t’inquiéter pour toi.
Tu aurais voulu plus de temps pour profiter de la vie et cette impression que des années te seront volées par des traitements te donne envie de crier à l’injustice. Un poignard s’enfonçant dans ton cœur, celui de tes enfants et celui de chaque personne qui a eu la chance de croiser ta route.
Tu serais prête à tout, y compris que l’on t’enlève les seins au risque de perdre ta féminité. Tu négocierais n’importe quoi pour t’acheter du temps. Voir vieillir tes enfants est ton souhait le plus précieux et maintenant que le cancer est entré dans ta vie, il est devenu l’unique rêve auquel tu tiens réellement. Tout est rendu tellement superflu et tu te dis qu’il est dommage qu’il t’ait fallu cette maladie pour le réaliser.
À travers le choc de cette nouvelle, tu t’inquiètes pour tes enfants, plus particulièrement ta fille. Et si en lui transmettant tes gènes, tu lui avais transmis celui de cette maladie maudite. Toi-même, tu n’étais pas au courant avant que tu découvres cette bosse qui n’augurait rien de bon. Et si son avenir à elle aussi était menacé par ce petit bout d’ADN défectueux ? Même au ciel, assise sur ton beau nuage blanc, tu t’inquièterais de savoir qu’elle risque de devoir traverser ce que, toi-même, tu redoutes d’affronter.
La route qui t’attend sera longue et pavée d’embûches et je sais que tu la redoutes. Mais dans les moments les plus sombres, j’aimerais que tu te rappelles que tu n’es pas seule. Que ta famille, tes amies et tous les gens qui t’aiment sont là, derrière toi. Qu’ils scandent ton nom alors que tu t’apprêtes à entamer ton combat. Et qu’ils seront là jusqu’à la toute fin, quelle qu’elle soit.
Pour ma cousine. Je t’aime tant xxx
C’est tellement bien écrit. Ce matin, j’ai été à mon dernier traitement de radiothérapie, maintenant j’entame le processus de me reposer et de reprendre mes forces. Je m’en suis voulu et me suis inquièté pour ma fille, et ma petite fille … je m’en suis voulu de les avoir fait femme et que peut-être elles seront; elles aussi victime de cette maladie. Seule une femme aillant vécu le cancer du sein peux comprendre. Merci, merci mille fois pour ce magnifique texte que vous partagé
Ah ce fichu cancer du sein…. Ce texte me ramène 4 ans en arrière à l’annonce du mien. Une mastectomie totale, une reconstrution, une symétrisation ( 5 chirurgies), une petite pilulr chaque matin et une injection aux 3 mois plus tard, je vais quand même bien. Ma cocotte qui avait même pas 4 ans à l’époque grandit et je l’accompagne comme je le souhaitais. Tout ne sera pas rose, tout ne sera pas parfait ni facile, mais …. ça ira 🙂