À toi, la mère qu’on juge parce que tu restes dans une relation qui te rend malheureuse;
À toi, la maman qui rame seule dans son couple;
Tu en as beaucoup sur les épaules et pourtant, on te critique plus qu’on t’admire et te soutient. Ton quotidien est ponctué de remarques, de critiques et phrases simplistes, parfois méprisantes.
« S’il ne faisait rien avant, fallait pas t’attendre à ce qu’il en fasse plus avec un enfant. Il faut que tu l’assumes. »
Celle-là, tu l’entends souvent. Essentiellement, on te dit que tu as couru après ton malheur. Mais qui a dit que ton homme ne faisait rien avant? Pourquoi prendre pour acquis que tu as été si naïve? Les gens ne savent pas qu’avant les enfants, vous pliiez ensemble les brassées de lavage en écoutant des séries. Que vous faisiez vos courses tranquillement ensemble le samedi avant-midi. Qu’il allait écouter le hockey avec ses chums pendant que tu allais faire ton yoga toutes les semaines. Que vous formiez une équipe, où chacun faisait sa part.
La réalité est qu’un enfant vient avec une tonne de responsabilités supplémentaires et moins de temps pour soi. Ton homme, celui avec qui tu formais une belle équipe, t’a laissé tomber. Il a décidé qu’il ne changerait pas ses habitudes et ne sacrifierait pas son temps. Il fait comme avant, sans en prendre plus, sans t’aider quand tu ne fournis pas. C’est son enfant quand vient le temps de se coller ou de jouer, mais ça ne l’est plus quand vient le temps de ramasser les jouets, faire une brassée de lavage supplémentaire ou aller chercher bébé à la garderie quand il est fiévreux.
« Demande-lui de l’aide. Tout est dans la communication. »
Comme si tu attendais depuis tout ce temps sans rien demander. Tu lui as demandé de l’aide avec le plus grand des tacts. Tu as utilisé la fameuse méthode sandwich. Tu lui as exprimé tes besoins clairement et dis comment tu te sentais. Parfois, c’est vrai, tu l’as fait indirectement. Tu as mis de l’eau dans ton vin et cherché des compromis. D’autres fois, tu t’es carrément fâchée. Ceux qui te critiquent assument que tu n’as rien fait et que tu attends que ça change miraculeusement. Sur ce coup-là, force est d’admettre que ce sont ceux qui te critiquent qui sont naïfs. Assurément, la communication est la clé, mais si le destinataire du message n’écoute pas, les choses ne peuvent pas changer et ce n’est quand même pas ta faute.
« Tu l’as choisi, arrête de te plaindre. »
Parfois, tu es exténuée. Tu n’as pas besoin d’être sauvée. Évidemment, il t’arrive secrètement de rêvasser que votre ami lui dise « Réveille, la mère de tes enfants a besoin de toi », mais tu ne t’y attends pas vraiment. Tu ne te plains pas. Tu as juste besoin de pouvoir ventiler. Tu as besoin de trouver une oreille attentive, un regard compatissant, le temps de te libérer un peu des émotions que tu refoules pour que tu puisses réfléchir un peu plus clairement. Tu ne demandes pas plus.
« Il est fatigué, comprends-le, ce n’est pas facile d’être un nouveau papa. »
Tu es toi aussi un nouveau parent. Tu es probablement mieux placée que quiconque pour le comprendre. Cette phrase te laisse perplexe. Qui est là pour te comprendre, toi ? Qui comprend que ce n’est pas facile. Étrangement, cette phrase te fait même presque sentir égoïste. Tu veux faire preuve de compréhension, tu fais un réel effort, mais tu ne piges pas. Tu es celle qui se lève la nuit. Tu donnes tous les bains. Tu fais les transports matin et soir à la garderie. Tu fais les repas. Tu es la seule qui manque le travail pour chaque bobo de bébé parce que le patron de ton chum a besoin de lui. Tu fais tes tâches ménagères en surveillant bébé et tu surveilles aussi bébé quand il fait quelques tâches ménagères parce que lui ne peut pas « tout faire en même temps » et qu’il est « occupé ». Bref, à travers ses soirées de hockey hebdomadaires avec ses chums et son rôle de papa qui se résume à quelques câlins et jeux, tu es confuse et ne vois pas ce que tu peux faire pour lui rendre la vie plus douce.
« Tu as juste à le laisser si tu es si malheureuse. »
Au fond de toi, tu sais que ce sera peut-être ça l’issue. Tu y penses. Les gens ne sont pas conscients que ce n’est pas si simple. Parce que toi, tu te souviens de cette époque pas si lointaine où vous étiez deux et formiez une équipe solide où les responsabilités étaient partagées équitablement. Il a déjà existé, ton homme qui entendait tes besoins et qui s’assurait que tu aies du temps pour toi. Seulement, en refusant de s’adapter à votre nouvelle vie de famille comme il le fait, il ne réalise pas qu’il t’a laissé tomber et que tu navigues entre la frustration de porter ta famille seule à bout de bras, la culpabilité de songer à le quitter, l’espoir de retrouver ton homme impliqué et la volonté d’être heureuse.
Chère maman, les gens qui prononcent toutes ces phrases manquent de nuances et sont tout simplement ignorants de ta situation. Ils prennent pour acquis que tu te plains sans avoir rien essayé alors que tu as déjà tenté bien des choses, que tu te sens seule et que tu as simplement besoin d’écoute. Sache que tu n’es pas seule, que ton bonheur compte et qu’il faut parfois du temps pour trouver son équilibre et prendre les décisions qui s’imposent en devenant maman. Sois douce avec toi et rappelle aux gens qui t’entourent de l’être aussi. Tu ne mérites rien de moins.
Merci ! C’est exactement ma situation ! Ça fait du bien de voir que je ne suis pas seul.