Il me semble que c’était hier que je tombais enceinte de toi. Que j’entrevoyais les deux petites barres sur mon test de grossesse avec autant de bonheur que d’appréhensions. Que je me demandais si j’allais être à la hauteur du rôle de maman. Que je m’imaginais ton visage. Que je comptais les jours avant de te rencontrer et de passer le reste de ma vie à t’aimer.
Il me semble que c’était hier que tu venais au monde. Que nos regards se croisaient pour la première fois. Que je respirais le parfum de tes petits cheveux avec la certitude qu’il n’y avait pas plus doux parfum. Que tes petits doigts s’accrochaient à mon index, comme pour nouer le lien qui nous unirait à jamais.
Il me semble que c’était hier que je me réveillais deux, trois puis quatre fois la nuit pour prendre soin de toi. Que je te berçais en te chantant des centaines de berceuses. Que je te murmurais à l’oreille que je ne laisserais jamais rien ni personne te faire du mal. Que je te regardais te rendormir blotti dans mes bras alors que le soleil se levait.
Il me semble que c’était hier que tu disais maman pour la première fois. Que ce doux mot explosait dans mes oreilles comme un feu d’artifice avant qu’une multitude d’autres lui succèdent. Oui, il me semble que c’était hier que ta toute petite voix a commencé à m’appeler, le jour comme la nuit, pour trouver du réconfort, de l’aide ou des encouragements. À me parler pour me raconter tes petites joies et tes grandes peines.
Il me semble que c’était hier que tu faisais tes premiers pas. Vers moi. Vers ton père. Vers la cuisine. Au parc. Puis partout où tes petits pieds ont foulé le sol, d’abord incertains puis confiants. Oui, il me semble que c’était hier que tu t’es mis à courir vers l’inconnu sans jamais le craindre, tes petits yeux brillants et déterminés regardant en avant en quête d’un papillon, d’un rayon de soleil ou d’un ami.
Il me semble que c’était hier que tu soufflais les bougies sur tous ces gâteaux d’anniversaire que j’ai parfois faits avec amour et d’autres fois achetés, faute de temps et de patience. Oui, il me semble que c’était hier que tu les regardais tous avec le même sourire dans les yeux, parce que pour toi j’ai toujours été la meilleure des mamans, peu importe leur provenance.
Il me semble que c’était hier que je te laissais à la garderie pour la première fois. Que tu pleurais à chaudes larmes et que je fuyais dans ma voiture avec l’impression de t’abandonner. Que je te retrouvais le soir et que nous festoyions comme si nous ne nous étions pas vus depuis des mois. Oui, il me semble que c’était hier que nous avons appris à ne plus passer chaque seconde de chaque minute blottis l’un contre l’autre.
Il me semble que c’était hier que tu commençais l’école. Que tu regardais sa grande porte, excité et la peur au ventre à la fois. Heureux d’être grand, mais terrifié parce que tu étais petit. Oui, il me semble que c’était hier que tu te retournais vers moi juste avant que je quitte ta classe pour un dernier signe de la main. Pour un bisou volant. Pour entendre ma promesse muette que tout se passerait bien.
Il me semble que c’était hier que nous nous rencontrions et pourtant, les années se sont faufilées entre mes doigts si vite que tu es déjà grand. Mon coeur de mère se gonfle de bonheur en te regardant grandir, mais il rêve aussi secrètement de revenir en arrière pour revivre chacun de ces moments dont je ne mesure toute la valeur que maintenant qu’ils sont derrière nous.
Il me semble que c’était hier que notre histoire commençait et c’est avec le recul des dernières années que je réalise à quel point chacun des moments que nous passons ensemble sont précieux. Alors je te promets de vivre pleinement toutes les années à venir. Alors je te promets de chérir chaque moment de la suite de notre histoire.
Je t’aime.
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