Mon trésor,
Plus tôt que tard, je devrai te laisser vivre ta vie sans plus me tenir derrière toi, mais une partie de moi ne pourra jamais s’empêcher de vouloir te protéger.
Non, je ne cesserai jamais de vouloir te protéger. Car bien avant ta naissance, alors que je venais tout juste d’apprendre que tu t’étais installé au creux de mon ventre, je faisais déjà tout en mon pouvoir pour m’assurer que tu sois en santé. Je m’assurais de bien manger, de dormir huit heures toutes les nuits, de bouger assez et de ne surtout rien faire qui pouvait compromettre ta santé. Te protéger guidait tous mes gestes et mes paroles à toutes les heures du jour et de la nuit parfois même sans que j’en aie conscience.
Non, je ne cesserai jamais de vouloir te protéger. Car lorsque tu es né et que je t’ai tenu dans mes bras pour la première fois, j’ai compris la fragilité de la vie et j’ai mesuré pour la toute première fois ta vulnérabilité. De retour à la maison, je te tenais comme le plus délicat des trésors, toujours craintive de ne pas soutenir ta tête de la bonne façon. Parfois effrayée à l’idée de t’échapper, j’analysais chacun de mes pas. Et plusieurs fois par nuit, j’allais vérifier que tu respirais toujours.
Non, je ne cesserai jamais de vouloir te protéger. Car lorsque tu as atteint l’âge de marcher, pour t’éviter de te blesser, je me suis mise à anticiper tous les risques que tu courais en te déplaçant dans la maison. J’ai recouvert chaque prise de courant, recouvert chaque coin pointu, bloquer chaque escalier. En visite, je faisais toujours une ronde pour vérifier ce qui pouvait être dangereux pour toi. Et s’il t’arrivait de te retrouver dans une position dangereuse, mon instinct me poussait à bondir à ta rescousse avant qu’un malheur ne se produise.
Non, je ne cesserai jamais de vouloir te protéger. Car depuis ton plus jeune âge, c’est moi qui suis en charge de panser tes blessures et d’essuyer tes larmes. C’est moi que tu viens voir après chaque chute pour trouver du réconfort, un pansement rigolo ou un baiser magique qui efface tout.
Non, je ne cesserai jamais de vouloir te protéger. Car dès que tu as commencé à manger, je me suis mise en devoir de trouver des recettes attrayantes contenant tous les groupes alimentaires pour que tu ne manques jamais de rien, que tu grandisses bien et que tu sois en santé.
Non, je ne cesserai jamais de vouloir te protéger. Car tu as commencé la garderie puis tu es entré à l’école la main dans la mienne, la serrant fort devant la peur de l’inconnu, cherchant dans mes yeux la sécurité qui te donnerait le courage de voler de tes propres ailes pour la première fois.
Non, je ne cesserai jamais de vouloir te protéger. Car en grandissant, tu as peu à peu commencé à me confier tes peines et tes colères, cherchant l’apaisement dans mes caresses et les solutions dans le timbre de ma voix.
Non, je ne cesserai jamais de vouloir te protéger. Car lorsque tu seras plus grand, je t’aiderai à réviser tes examens pour que tu obtiennes des résultats qui te rendent fier, te conduirai chez tes amis pour que tu t’entoures de gens qui t’aiment, t’apprendrai à cuisiner et à conduire pour que rien ne freine ton autonomie et ferai le ménage dans ton premier appartement pour que tu t’y sentes bien.
Non, je ne cesserai jamais de vouloir te protéger. Car depuis la toute première seconde où tes yeux ont croisé les miens, ton bonheur, ta santé et ta sécurité sont devenus mes priorités et rien ne me crève davantage le coeur que de te voir malade ou de lire la tristesse dans ton petit regard brillant.
Non, je ne cesserai jamais de vouloir te protéger. Car c’est le rôle qui m’a été confié à ta naissance et il ne sera jamais possible de m’en départir. Mais je sais que pour que tu deviennes un adulte heureux, je dois peu à peu m’éloigner de toi chaque jour.
Alors j’apprends à ravaler mes peurs devant les montagnes que tu dois gravir sans ma main dans la tienne.
Alors j’apprends à ravaler mes larmes devant les déceptions que tu rencontres et qui font parfois basculer ton petit monde.
Alors j’apprends à prendre plaisir à te regarder grandir et à devenir cet incroyable être humain que tu es déjà sans plus me tenir derrière toi.
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