Mon bébé,
Le jour où tu es né, le verdict est tombé. En plus de tout ce que j’avais déjà à digérer, on m’a annoncé que je n’accoucherais jamais par voie basse. Alors que je chérissais l’idée d’un accouchement naturel depuis si longtemps, ta naissance avait annulé cette possibilité.
J’ai toujours admiré les femmes qui accouchent car l’accouchement est une grande et belle épreuve qui teste l’endurance, la résilience et la force de caractère. Quoi de plus noble et courageux? Quand j’ai su que je n’allais plus pouvoir me mesurer à cette épreuve, je me suis sentie faible. Peut-on dire qu’on a accouché sans avoir vécu ces contractions monstrueuses qui font des mères de véritables guerrières? J’avais l’impression d’être condamnée à l’option facile. D’avoir à jouer un rôle passif dans la naissance de mes bébés alors que j’étais celle qui était supposée faire le travail du début à la fin.
Je n’aurai pas d’histoires d’accouchement à partager avec d’autres mamans. Lorsqu’elles raconteront combien de temps le travail à pris, à combien de centimètres elles étaient lors des mesures du col, combien de poussées elles ont dû donner et le coup de foudre incroyable qu’elles ont ressenti grâce à toutes les hormones de l’accouchement, je ne pourrai pas renchérir. Mes histoires d’accouchement devront à jamais parler de salle d’opération, d’inaction, d’instruments médicaux.
J’ai de la difficulté à accepter que je devrai encore me faire ouvrir en deux. Vivre une convalescence alors que je dois être à mon meilleur. Réparer mon corps alors que je ne peux pas me permettre de me reposer. Me sentir impuissante face à mon propre bébé parce que me lever debout me demande toute mon énergie en plus de me prendre le triple du temps.
Mon bébé, je n’aurais pas imaginé que j’aurais à vivre un deuil le jour de ta naissance. Mais lorsque mes yeux se posent sur ton visage parfait, je ne regrette rien parce que tu es ici, avec moi, et tu es en bonne santé. Rien n’est plus important alors j’accepte que ton arrivée a changé mes plans et bouleversé mon histoire.
Mon bébé, je ne pourrai jamais accoucher par voie basse mais je ne changerais rien pour t’avoir à mes côtés
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