J’ai appris très jeune ce qu’être menstruée signifiait. J’ai appris comment utiliser des tampons et des serviettes hygiéniques, à calculer les dates pour savoir quand mes règles allaient commencer puis pourquoi et comment ce phénomène se passait dans mon corps. Mais ce que personne ne m’a dit, c’est que mon cycle menstruel allait contrôler ma vie.
Ce qu’on a oublié de me dire alors que j’avais mes premières règles, c’est que mon corps, ma motivation et mon bien-être allaient dépendre du chiffre du calendrier. On a omis de me dire que les deux premières semaines suivant le passage de mes menstruations, j’allais être capable de soulever des montagnes. Que ma confiance écraserait n’importe quel défi et que j’allais surmonter projet après projet. Mais que les deux semaines suivantes anéantiraient tout.
En l’absence d’embryon, quand mon utérus se prépare à faire son ménage, on a omis de me dire que tous mes projets me paraitraient soudainement insurmontables et incroyablement inintéressants. Que le moindre détail, la moindre remarque me rendrait rouge de colère et que j’aurais une rancune inexplicable envers l’univers au grand complet. Qu’un rien m’indignerait et je serais consciente que mes paroles et mes réactions ne feraient absolument aucun sens sans rien y pouvoir. Je ne savais pas que mon taux d’hormones me rendrait dans cet état tellement puissant et incroyablement négatif.
Quand mes menstruations débarquent finalement, on a omis de me dire que je serais vidée, totalement inefficace pendant quelques jours et que j’apprendrais à survivre à cette période devant la télévision avec une bouillote sur le ventre à manger à peu près tout ce qui contient le plus de gras saturé possible. Je ne savais pas que cette douleur serait si handicapante, si violente. J’ai aussi appris qu’on ne s’habituerait jamais à ce mal, à ce puissant tiraillement, à ce pincement qui m’empêchera de fonctionner normalement.
Enfin, quand mes menstruations se terminent après ce qui me semble une éternité, je reprends peu à peu le contrôle de tout ce que j’avais planifié au début de ce si épuisant cycle. Enfin ma motivation revient, mon humeur se replace, mon quotidien devient moins lourd et beaucoup plus inspirant. On a cependant omis de me dire que ce bien-être serait très éphémère, que bientôt tout ce que je viens de traverser reviendra et que tout devra encore être mis sur pause car je suis à la merci de mon cycle menstruel.
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