Mon bébé,
Durant ma grossesse, j’avais idéalisé et projeté des attentes et des envies.
Si déjà le cododo, le portage, l’allaitement et être à l’écoute de tes pleurs me paraissaient évidents, jamais je n’aurais pensé que mon instinct me guiderait à ce point vers la maternité proximale et bienveillante.
Lors de ta venue au monde, j’ai senti au plus profond de mon âme et de mon corps que ma nature animale me dictait de te répondre à tes pleurs au plus tôt, tout petit que tu étais.
Tu as dormi sur moi dès ta naissance et encore maintenant, alors que tu grandis à vue d’œil, c’est contre mon cœur et dans ma chaleur que tu trouves ton apaisement après une grosse journée, une poussée dentaire ou un désordre viscéral. Et non, je ne pense pas que cela fera de toi un tyran ou un faible comme je peux l’entendre à répétition par l’entourage ou certaines professionnelles de la petite enfance.
J’en ai cherché des réponses à mes ressentis, auprès d’autres peuples, d’autres tribus, d’autres modèles de société. Et même chez les animaux du plus proche génétiquement au plus éloigné, pour justifier que je n’étais pas folle. La vérité, c’est que je suis intimement convaincue de te donner la sécurité intérieure nécessaire pour aller découvrir et t’épanouir à un rythme naturel et celui qui te sera propre.
C’est vrai que je ne me sens pas capable de te confier à un inconnu quarante heures par semaine ni de manquer tes premières évolutions. Alors j’ai fait le choix de rester près de toi et je ne pense pas que tu en seras plus sauvage, plus asocial ou moins autonome.
Je me sens privilégiée de t’entendre rire dans tes rêves collé contre moi. J’aime recevoir tes premiers sourires et babillages à ton réveil. Ma présence est là pour calmer tes terreurs, de jour comme de nuit. Mes bras t’entourent pour apaiser tes cauchemars. Quelle chance j’ai de sentir ta petite main toute douce caresser ma peau lorsque tu tètes pour t’endormir. Quelle merveille lorsqu’après des pleurs mystérieux, tu t’endors agrippé à mon doigt et quand je goûte la saveur salée de tes larmes sur tes joues lorsque je t’embrasse pour te consoler.
Au cours des prochains mois, peu importe ce que les gens pourront en penser, je continuerai de te porter partout où j’irai pour partager avec toi textures, saveurs, couleurs et odeurs et je serai là en tout temps pour répondre à tes besoins.
Je sais que la nature est bien faite et que de toi-même, tu t’éloigneras pour faire tes expériences qui évolueront avec ton âge. Sache que je ne te retiens pas et ne te retiendrai jamais; je t’accompagne jusqu’à ce que tu puisses voler de tes propres ailes.
Wow! J’ai comme toi écouté mon coeur, et mon instinct lesquels m’ont guidé de cette maternité proximale, et c’était plus fort que moi… impossible de vivre ça autrement. Je te lis et revis ces bonheurs indescriptibles. Que de merveilleux nombreux moments !!! Maintenant, quatre enfants adultes plus tard et grand-mère je n’ai aucun regret de ce parcours merveilleux si riches de toutes leurs enfances. Et je recommencerais sans hésiter cette démarche qui a l’époque était carrément marginale et tellement pointée du doigt. Je sais que notre famille a vécu et profité à plein de tout les bonheurs de leurs enfances et à leurs rythmes !!!